La Kabylie du Djurdjura a peu répondu au mot d'ordre des ârchs. Le fait est que l'appel en lui-même, déjà assez ambigu et qui parle de «grève générale active», une forme de protestation inconnue et qui a laissé, à la majeure partie de la population, comprendre que seules les institutions publiques et les administrations devaient respecter le mot d'ordre. Ajoutée à cela la répétition de cette action qui fait que «tant va la cruche à l'eau» et aussi le refus de plus en plus visible des commerçants d'être les «seuls à essuyer les plâtres». Aussi l'action d'hier a-t-elle rencontré une certaine «mauvaise presse». Les daïras de Draâ El-Mizan, Tizi Gheniff, Draâ Ben-Khedda, Boghni, Beni Yenni et les localités de Tadmaït et Redjaouna ont ignoré l'appel. Les commerces, les services publics et les écoles, collèges et lycées ont fonctionné normalement. A Tizi Ouzou-Ville, les écoles, lycées et collèges ont vu leur fonctionnement quelque peu perturbé. Plusieurs écoles ont travaillé jusqu'à 10 h, avant de relâcher les enfants. La Poste et Sonelgaz ont préféré baisser rideau, alors que l'APC a travaillé quasi-normalement. Des quartiers de Tizi Ouzou, tels le Mondial, M'douha ont fonctionné normalement, c'est aussi le cas du quartier où est située la résidence des pères blancs. La Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou a recensé pratiquement 50% de commerces et de cafés ouverts. Au centre-ville, à la différence des autres fois, deux cafés ont ouvert. Les marchés, tant celui de gros que la halle aux fruits et légumes et le marché couvert, ont également assuré normalement leur service. Comme toujours les pharmacies, les boulangeries et quelques boucheries ont également ouvert leurs portes. En revanche, à l'intérieur de la wilaya comme Aïn El-Hammam, Azazga et Larbaâ Nath-Irathen ainsi que Bouzeguène, Mekla, Ouadhias et Beni Douala ont suivi scrupuleusement le mort d'ordre de grève. A Aïn El-Hammam, le marché hebdomadaire s'est tenu normalement. Là encore, les scolaires ont dû rebrousser chemin, tout comme Larbaâ Nath-Irathen où les enseignants affirment suivre la grève surtout du fait que «la direction de l'éducation n'a pas tenu sa promesse de régler la situation des enseignants». Outre une certaine adhésion au mot d'ordre en signe de soutien aux détenus-grévistes de la faim et aussi par respect aux victimes, la population rencontrée à Larbaâ Nath-Irathen affirme que «si le mouvement des ârchs se brise, le pouvoir trouvera plus facilement le moyen de briser la Kabylie». A Azazga, la ville est totalement fermée, les axes routiers y menant ont tous été bloqués. Des barricades ont été dressées près des ex-galeries algériennes et de la brigade de gendarmerie, ainsi qu'au niveau de la route menant par Yakouren vers Béjaïa. La même constatation a été faite sur la RN 12 au niveau du lieu dit Chaïeb, sur la RN 30 entre Boghni et Ouadhias,, le CW128 au lieu dit Tassift-Tadjdiout au PK 12, la route menant de Tizi Ouzou vers Aït-Zmenzer et aussi du côté de Tizi Rached. A Tigzirt, la ville a également baissé rideau. Par ailleurs, la coordination, «dissidente de la Cadc», de la daïra de Tigzirt lance un appel pour un meeting populaire qu'elle animera demain au cinéma Le Mizrana, à 14h. La coordination invite, cependant, pour ce jour-là, les commerçants à rester ouverts. En disant vouloir mettre un terme à une propagande et aux mensonges distillés par un groupe d'individus, les initiateurs de l'appel s'en prennent aux délégués de l'autre bord qui, selon la Ccdt, «n'ont rien trouvé de mieux que de s'attaquer aux délégués de la coordination de Tigzirt». Les signataires de l'appel relèvent «les agressions verbales et physiques de «mercenaires à la solde d'un parti» et de s'interroger sur «les tenants et les aboutissants de cette fuite en avant qui tient lieu de perspective». Et la Ccdt d'interpeller le Président de République afin qu'il «assume toutes ses responsabilités quant au règlement de cette crise». Enfin, un délégué de la même coordination a pris attache avec notre bureau de Tizi Ouzou pour l'informer que «lundi prochain, un village entier de Tigzirt, le village d'Aït-Saïd, compte rejoindre l'action de la Ccdt, en faisant une marche de 7 kilomètres». Enfin hormis une petite «démonstration» avec deux à trois pneus enflammés et quelques jets de pierres au niveau du quartier Les Genêts à Tizi Ouzou, où, semble-t-il une interpellation aurait été opérée, la ville, tout comme le reste de la wilaya, est calme.