des Colis de marchandises, en tout genre, transitent par la Poste pour atterrir sur le marché parallèle. Les trabendistes ne manquent pas de génie pour entretenir leur commerce illicite. Après la pratique «du cabas» qui nécessitait des dépenses de voyage (Syrie, Turquie etc.) et devant les contrôles stricts des services compétents, les trabendistes ont trouvé une autre combine, plus sûre et moins coûteuse, pour acheminer leurs cargaisons: les colis postaux expédiés par fret maritime et aérien. Les postes constituent pour ces affairistes, les canaux d'acheminement les plus rentables puisque il n'y a même pas de taxes douanières. Avec la complicité de certains douaniers algériens et étrangers, de certains éléments des forces de sécurité exerçant au niveau du port d'Alger (scanner) ainsi que certains receveurs et autres employés des postes, les trafiquants de tout acabit parviennent à faire passer diverses marchandises de différentes natures, destinées à la commercialisation par le biais de colis postaux expédiés par voie de fret. Jouissant de l'assurance et d'une garantie de la part des membres du réseau, il suffira, pour l'expéditeur, de mettre un nom fictif sur un colis contenant les denrées commandées préalablement. Ces derniers sont repérés et traités à part par les douaniers véreux. Un traitement particulier leur est réservé pour plusieurs raisons. Le poids réglementaire de 20 kg est de loin dépassé et les colis atteignent les 30, 40 et 50 kg. Pour ces derniers, trop flagrants, les complices les récupèrent sur les lieux du port (centre des P et T de la Pêcherie) et n'embarqueront jamais dans les fourgons postaux. Il faut tout de même préciser que tous les colis expédiés par fret aérien sont rabattus systématiquement vers le port d'Alger où l'inspection en charge du trafic postal procède à leur ventilation vers leur destination. C'est ainsi qu'en moyenne, 200 colis sont traités quotidiennement par cette inspection dont une grande partie (une trentaine environ) contenant des marchandises, quelquefois prohibées, passe frauduleusement les contrôles sous de faux noms. De l'or, argent, bijoux ou autres denrées sont expédiés dans ces colis. Cette pratique exercée sous de faux noms, permet aux fraudeurs d'éluder les taxes douanières et de faire des bénéfices nets avec l'assurance de ne point être démasqué. En effet, les colis contenant des marchandises d'une valeur marchande considérable sont récupérés auprès des postes par leurs propriétaires après le versement de 60 dinars de frais postaux. En réalité, les colis excédant le poids réglementaire de 20 kg contiennent des produits d'une valeur estimée à des millions. Cette nouvelle forme de fraude, reconnue par le DG des Douanes et autres cadres, est entretenue par des réseaux où la loi de la tchipa est légion et au sein desquels certains douaniers véreux en sont l'épine dorsale. «Certains douaniers arrivent à empocher 50 millions par jour», nous révèle un douanier sexagénaire. Au sein de la même inspection (IPTP) d'autres douaniers ne cautionnant pas cette pratique frauduleuse sont allés jusqu'à y faire opposition, soit en communiquant l'information ou alors en procédant à la saisie pure et simple des colis. Néanmoins, «ils n'osent pas dénoncer leurs collègues et ce, faute de preuves tangibles ou alors par esprit confraternel». Il faut souligner que certains autres fraudeurs ont opté pour une autre procédure, à savoir: l'expédition de colis par bagages non accompagnés et par la voie du régime particulier (IDRP). En termes clairs, les colis sont expédiés en même temps que les passagers mais le plus souvent sous de faux noms. Selon une source digne de foi, et à titre d'exemple, «les agents douaniers ont saisi, durant l'année en cours, des colis contenant environ 5000 téléphones portables» qui ont fait l'objet de réexportation. Quoique aucune preuve ne pouvait permettre l'identification du destinataire, la source nous indique qu'ils «seraient destinés à alimenter le marché parallèle de l'Est pour le compte d'un haut fonctionnaire des douanes». A ce sujet, le DG et bien d'autres cadres de l'institution reconnaissent «l'existence d'un grand nombre de douaniers corrompus et impliqués dans ce courant de fraude mais aucun indice ne permet de les identifier». Aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du port d'Alger, les brigades de lutte contre la fraude ont procédé à de multiples saisies de colis dont la contenance porte atteinte à l'économie, voire à la santé publique. En somme, des quantités importantes d'effets vestimentaires, de produits cosmétiques et pharmaceutiques, d'appareils électroniques, de pièces détachées et biens d'autres marchandises de large consommation sont introduites en Algérie par la grâce des réseaux dont les agences postales constituent un des derniers maillons de la chaîne. Un cadre en charge des brigades de lutte contre la fraude indique que «80 % de la fraude sont localisés au port d'Alger». Cette déclaration nous permet de mesurer l'ampleur du trafic et nous permet aussi de croire que «de hauts responsables de cette institution seraient impliqués dans diverses fraudes et de diverses natures».