C'est un ouvrage peut-être destiné à l'isolement culturel. Un ouvrage traitant de la question de la «guerre sainte et du terrorisme» a été introduit en Algérie par un éditeur égyptien pour une éventuelle commercialisation sur le marché national. Il s'agit d'un livre intitulé Ben Laden, fiction et réalité, édité par Dar El kitab El hadith, à Draria. Selon des informations recueillies auprès de commerçants du marché Clauzel, des extraits de ce livre, contenant 10 chapitres, avaient été édités sous forme de brochures puis vendues sous le manteau à des prix symboliques. Le choix aurait été fait de telle sorte que pour chaque brochure corresponde un chapitre. Selon nos informations, les gens, qui distribuaient ces copies, paraissaient ordinaires et n'avaient aucune attache idéologique. Ils seraient connus comme étant susceptibles de trafic de visas et de carte de résidence pour l'Espagne et l'Italie. Et c'est justement pour cette raison que le marché Clauzel a été choisi pour entreprendre nos investigations qui, par ailleurs, nous ont permis de vérifier l'existence d'un réseau de trafic de devises. Plusieurs libraires de la capitale ont été également visités, mais nos recherches sont restées stériles. Cependant, il faut dire que le livre existe bel et bien puisque nous avons pu en dénicher une copie. Il a été ramené «soigneusement» par son éditeur dans notre pays afin de prospecter le marché algérien du livre (et de la Culture?). Dans son introduction, l'auteur semble implicitement glorifier Ben Laden, incitant à le placer justement au centre de la problématique de la «guerre sainte et terrorisme» qui, selon lui, devrait être intégrée dans un cadre global. Selon lui, la question de la «guerre sainte et terrorisme» ne doit pas être noyée dans des considérations particulières. Son origine, ses développements à travers l'histoire, lien et hostilité entre Ben Laden et les USA, «le Coran ou la bombe», sont les principaux thèmes développés et «en détails» dans ce livre à caractère incitatif. Serait-il important de dire que dans le domaine de la communication subversive, le but de toute stratégie médiatique serait, généralement, d'imposer, par tous les moyens de communication connus au service d'une psychologie de masse, l'image d'une Armée, d'un Etat et de ses institutions... comme anti-populaire, pro-occidental ou de tendances coloniales, policier ou dictatorial, fragile... En revanche, dans l'appareil médiatique de l'organisation Al-Qaîda, qui est présentée comme étant l'unique détentrice de la vérité divine, et «les pro-Occidentaux» comme les mécréants. Qu'Al-Qaîda est la seule libératrice de «la Oumma» «de l'oppression occidentale». Que Ben Laden serait «victime d'une injustice en étant poursuivi par les USA». C'est une grille de lecture ordinaire, mais, faut-il le rappeler, qui semble être commune aussi à celle que le FIS dissous avait adoptée durant la moitié de la décennie écoulée. Il faut dire qu'une littérature subversive est, au fond, un moyen de communication destiné à isoler l'individu culturellement. Il devient, de ce fait, terroriste en étant assujetti à des techniques de modelage de l'esprit et de manipulation mentale. Selon les sociologues, ce type de littérature, à la longue, se traduirait, entre autres, par la rupture avec la perception dominante et le système établi des valeurs. Et c'est là où les tendances suicidaires commenceraient par transformer le comportement de l'individu car se considérant habilité à livrer lui-même les interprétations des faits.