ce secteur depuis 1993 n'a fait qu'évoluer vers la privatisation des infrastructures jusque-là propriété de l'Etat. Un des premiers points inscrits à l'ordre du jour de la session de printemps de la nouvelle année de l'APN, c'est un bouquet de 3 projets de loi traitant du tourisme. Le tourisme dont la législation depuis 1993 n'a fait qu'évoluer vers la privatisation des infrastructures jusque-là propriétés de l'Etat et le retrait progressif de ce dernier de la gestion des établissements touristiques. L'évolution vers l'économie de marché devient ainsi un objectif bien précis et le tourisme, l'objet d'une ouverture inimaginable il y a encore une décennie. Désormais, l'autarcie réglementaire vieille de plus de trente ans, qui avait jusque-là contraint le tourisme algérien de vivre dans un nanisme incompréhensible, devait en principe impliquer les investisseurs étrangers plus avant dans le redéploiement en cours. Qu'en est-il sur le terrain? La question, loin d'être impertinente, ne satisfait malheureusement personne quand on sait que concrètement, l'investissement attendu ne s'est pas réalisé. Cela même si, nous dit-on, parmi les investisseurs potentiels étrangers, certains s'étaient plaints de ce que dans la législation algérienne des lacunes nuisibles à la fluidité de l'investissement vers l'Algérie aient été décelées. Les trois projets de loi en discussion à l'APN depuis hier, apporteront-ils une réponse positive aux indécis? Si le but recherché était celui-là, tant mieux. On a évoqué jusqu'ici le secteur touristique qui est un secteur humain par excellence, et on comprend que parmi les investisseurs occidentaux, peu de candidats s'y sont intéressés. Pourtant, il est une forme de tourisme en Algérie qui n'a cessé de progresser depuis 1999 grâce à un net recul du terrorisme dans les petites, grandes et moyennes villes et à l'augmentation des capacités d'hébergement de quelques hôtels haut de gamme choisis parmi les chaînes hôtelières internationales les plus en vue. Parmi les investisseurs, ce ne sont pas les Occidentaux mais les Libyens qui, les premiers, alors que l'Algérie subissait un déchaînement pandémoniaque du terrorisme islamiste, ont accepté de convertir un important prêt accordé à l'Algérie au début des années 90. D'où la naissance de l'hôtel Sheraton édifié sur la côte turquoise à l'Ouest d'Alger et ce que certains médias appelleront le tourisme d'affaires grâce auquel l'Algérie accueillera plus de 150.000 touristes en l'an 2001, davantage sans doute l'année suivante. Vous me direz que 150.000 touristes c'est peu et même bien peu pour un pays comme l'Algérie dont la diversité des paysages et l'accueil très peu marqué par les relents mercantiles de la commercialité à outrance. C'est certainement vrai, mais il y a un début à tout. Un début de tourisme qui n'est pas obligatoirement lié au terrorisme, mais au travail des hommes et à leur acharnement à développer les capacités d'accueil dont le chiffre avancé récemment ne compte guère que 68.000 lits alors que comparativement les Tunisiens qui ont accueilli 5 millions de touristes en 2001, ne disposent que de 200.000 lits. Moins que l'île de Ténériffe aux Canaries qui, elle, en compte 350.000. Comme on voit, le tourisme ne se décline pas exclusivement en bilans positifs, encore faut-il que le pays d'accueil, outre les raisons objectives qu'il doive offrir aux touristes pour venir le visiter, il doit également satisfaire ses clients du point de vue de l'accueil en leur proposant un choix d'hôtels et d'infrastructures d'hébergement suffisants. Du côté du ministère du Tourisme algérien, on a appris récemment que dans les dix ans à venir, entre 23.000 et 28.000 lits supplémentaires seront livrés. L'effort envisagé correspond-il à l'ambition affichée à travers les discours et les entretiens bilatéraux avec les partenaires de l'Algérie? Comment qualifier les efforts envisagés? Tout juste de goutte d'eau tant le retard de ce secteur peut paraître impossible à combler. Cela étant dit, les Algériens ne perdent pas pour autant au change dès lors qu'ils ont beau chercher à se débarrasser de leurs mauvaises habitudes, ils n'y sont jamais parvenus. En quoi faisant? En sacrifiant volontiers à l'attraction qu'exercent sur eux les constructions somptueuses qui, pour les réaliser, n'ont pas hésité à transférer des crédits destinés en priorité à la construction de l'hôtel Sheraton de Hassi Messaoud au profit d'une nouvelle résidence d'Etat située aux Dunes, sur les hauteurs de Aïn Bénian, un site sur lequel on pourra dénombrer à partir du mois de juin 2003, outre 250 appartements grand luxe, un centre d'affaires et des bureaux, un centre commercial, un parking souterrain, 163 villas avec piscines. Comme on voit, les priorités parlent d'elles-mêmes! Reste le problème de l'hôtel Seybouse que l'Etat voudrait vendre et que le personnel poussé par le syndicat ne voudrait pas qu'il soit «bradé». Sachons que ce sont les managers de la société Lafico, d'origine libyenne, la principale source d'investissement de la chaîne Sheraton en Algérie ainsi que de la résidence des Dunes, qui voudraient s'en porter acquéreurs. Une affaire à suivre...