Un documentaire écologique utile, quant à la protection de l'environnement dans les zones arides du monde. Le Japonais d'Ibn Belbel est le titre d'un film documentaire projeté, avant-hier, à l'ambassade du Japon. Il retrace la vie du professeur japonais, Iwao Kobori, 80 ans qui consacra 40 ans de sa vie à l'étude du système traditionnel d'irrigation dans les zones arides, à savoir les foggaras (galeries souterraines pour l'irrigation des cultures dans le Sahara. Produit par Mme Nadia Cherabi, productrice de films auprès de Procom International ce film, d'une durée de 52 minutes a été réalisé par Ali Feteh Ayadi qui soulignera le «devoir qu'il avait de filmer les foggaras, pour faire aimer ces chefs-d'oeuvre de l'humanité, les peuples et les ksars du Sahara». Selon Madame Cherabi, ce film comprend deux parties: une première partie consacrée au tournage en Algérie et l'autre au Japon. La première partie a été réalisée au mois de janvier 2002. Elle retrace l'itinéraire du professeur Kobori, d'Alger jusqu'à l'oasis d'Ibn Belbel, située dans la wilaya d'Adrar, où il a étudié l'évolution de cette oasis afin d'en établir un plan détaillé (la partie du film réalisée au Sahara a été confiée à Nabil Mechkel). La seconde partie de ce film documentaire a été tournée au Japon grâce à la contribution des ministères des Affaires étrangères japonais et algérien, de la Fondation Toyota, de la fondation du Japon, de la société JGC et de NHK (chaîne nationale japonaise de télévision). Dans cette partie, le tournage a été fait en plusieurs endroits y compris à Yokohama, ville natale du professeur Kobori, et se déroule sous la forme d'un carnet de voyages dans lequel le professeur s'adresse à des anciens étudiants et ses amis et leur relate le récit de son expérience du désert algérien. Ici, c'est tout le côté humain de cet attachant personnage qui est dépeint et où on le voit aussi assis à même le sol, échangeant des mots avec les gens du Sud, autour d'une théière. Géographe et éminent chercheur japonais, M.Kobori occupe actuellement le poste de conseiller académique auprès de l'université des Nations unies dont le siège se situe à Tokyo. Ses nombreux voyages à travers le monde l'ont amené à visiter plusieurs zones arides et connaître leur système d'irrigation, notamment au Moyen-Orient (Irak, Iran...). Ce chercheur infatigable qui a toujours été proche de la paysannerie a même publié un manuel scolaire qui traite du système d'irrigation dans le désert. Le professeur Kobori n'a pas attendu que la question de l'eau soit reconnue comme le défi du nouveau siècle pour l'ensemble de l'humanité pour se pencher sur la question, encore moins la 3e conférence internationale sur l'eau qui se tiendra au mois de mars à Osaka. C'est en 1961, à In-Salah, que M.Kobori effectuera son premier voyage dans le désert algérien. Son intérêt se portera sur la foggara de la localité de Aoulaf puis de Tit. Il fera la connaissance de M.Hadji, guide de visite exploratrice qui mènera M.Kobori dans le désert algérien. C'est le début d'une longue et très forte amitié entre les deux individus. Si pour M.Hadji, il est nécessaire de se conformer au modèle traditionnel de la foggara pour préserver l'authenticité de son système millénaire. Pour M.Kobori, la foggara doit s'adapter aujourd'hui plus que jamais aux moyens technologiques du forage car les foggaras vieillissent. Cependant, le pompage exagéré fait que la nappe phréatique diminue. «Il faut espacer les forages et adapter un système de surveillance adéquat car l'eau peut s'évader entre les fissures des roches. Il y aura perte d'eau dans ce cas», nous dira M.Abderrahmane Benkhalifa, responsable de gestion participative des ressources génétiques du palmier-dattier dans les oasis du Maghreb, qui a travaillé pendant 10 ans aux côtés du professeur Kobori. Au-delà de sa qualité du montage, et la beauté des images, ce documentaire à caractère écologique a eu ainsi le mérite d'aborder un sujet épineux et important à la fois, lié à l'environnement: l'eau, pour que la planète puisse s'alimenter et s'abreuver de cette source de vie. Il est impératif, nous dira notre interlocuteur, de «faire appel à la solidarité internationale» pour la préservation des foggaras. Tout en respectant les normes de foggaras d'une part, et la survie des populations et des palmeraies d'autre part, pour le développement durable des foggaras car on ne peut compter seulement sur la main-d'oeuvre. Un SOS, qui on espère, sera entendu!