Abdelhak Benhamouda Le 11 janvier 1992, le Président Chadli démissionne. C'est le grand saut dans le vide de toute une nation. Mais les tractations politiques à ce moment crucial de l'histoire de l'Algérie décident de la position à adopter : empêcher coûte que coûte un processus électoral meurtrier. C'est la naissance du Comité national pour la sauvegarde de l'Algérie (Cnsa) dont le chef de file est l'Ugta, et dont le leader charismatique est Abdelhak Benhamouda qui payera de sa vie sa position franche contre la montée de l'intégrisme.L'on apprendra par la suite que le Fida était à l'origine de l'assassinat de ce dernier et que le groupe qui l'a exécuté était composé de sept éléments, parmi eux un ancien responsable du SIT (Syndicat islamique du travail) ; syndicat qui a su infiltrer les rouages de l'économie nationale à l'époque et qui a su faire le plein de sympathisants à partir des rangs des masses prolétaires défavorisées qu'il a pu enrôler dans la cause partisane de l'ex-FIS. La grève insurrectionnelle de juin 1991 fut l'exemple le plus frappant de sa force mobilisatrice. Une grève qui aura précipité la chute du gouvernement Hamrouche. Et dire que ce syndicat est seulement gelé aujourd'hui ! Ainsi, le 26 décembre 1991, date du premier tour, le FIS était donné gagnant avec seulement 24 % des voix exprimées des électeurs inscrits. La situation est assez complexe ; un second tour ne pouvait que mener le pays vers une situation à l'iranienne. Une décision s'imposait alors. Le sursaut salvateur émana finalement de la société civile qui refusa derechef l'aventure électorale et la chute dans la théocratie totalitaire. Des citoyens se sont mis à réfléchir à la manière de ne pas tomber dans le guêpier intégriste. C'est alors que s'est crée en dehors du gouvernement le Comité national de sauvegarde de l'Algérie (Cnsa). Il avait pour tête de pont l'Ugta, suivie de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), quelques rares partis politiques et des personnalités dont de nom-breux intellectuels, des dirigeants d'associations, des artistes, des directeurs de journaux indépendants, des entrepreneurs...Endiguer le processus suicidaire n'était plus ensuite qu'une question d'application de lois dans le respect de la Constitution en vigueur, à cette date. Le principal front contre l'avancée dangereuse de l'intégrisme fut donc sans conteste la société civile, à sa tête l'Ugta pour qui le choix entre interrompre le processus électoral ou laisser l'intégrisme rétrograde parvenir au pouvoir et assassiner la démocratie, ne souffrait aucune confusion. Souvent, l'armée, qui n'a finalement imposé ni au gouvernement ni aux civiles la solution, épargnant un second tour fatidique n'a fait en fait que s'aligner sur un choix civil.