À travers cet hommage rendu à l'une des figures de proue du patriotisme, il faut déceler une reconnaissance du rôle important que ne cesse de jouer l'Algérie dans la lutte antiterroriste depuis le début des années 1990. Une lutte antérieure aux évènements du 11 septembre que l'Algérie a menée seule et sous embargo. Les égorgeurs des vieillards et des bébés furent considérés, par une grande partie de l'opinion internationale, y compris arabe et musulmane, comme des militants des causes démocratiques au point où certains les ont qualifiés de groupes d'opposition armés. Il y a 10 ans, jour pour jour, l'hydre terroriste, en assassinant Abdelhak Benhamouda voulait poussait à la capitulation des républicains et patriotes qui, dès le début de l'OPA lancée sur la République, ont compris que les Algériens authentiques n'avaient d'autre choix que de rester sur cette terre et résister aux forces obscurantistes qui voulaient en faire un terrain d'expérimentation pour certains laboratoires. L'assassinat de Benhamouda traduisait l'acharnement des tenants d'un certain islam politique dans leur macabre aventure d'installer le chaos. En effet, le patron de la Centrale syndicale était avec d'autres patriotes et démocrates porteur d'un projet de refondation de l'Etat-nation. Il était au centre d'un processus, en gestation, de reconstruction des institutions de la République. Deux années, après que le sang de Benhamouda eut coulé sur l'esplanade de la Maison du peuple à Alger, les premières élections pour la normalisation du paysage politique étaient organisées avec comme pièces angulaires de tout l'édifice le RND et l'UGTA. Le premier, une idée du défunt, la seconde, sa famille naturelle. En effet, on ne peut évoquer la reconstruction de l'édifice institutionnel sans citer l'homme-courage de Constantine. “Abdelhak Benhamouda a affronté le terrorisme avec bravoure avant que ce dernier ne lui ôte la vie. Il était un homme de principes”, a affirmé, hier, et depuis la ville natale du défunt, Ahmed Aâtef, vice-président de l'Union des syndicats des travailleurs d'Egypte et doyen de l'Institut arabe de la culture syndicale. En effet, au moment où l'Algérie souffrait d'un embargo calculé et voulu, le militant Benhamouda s'est engagé, à sa façon, dans une bataille sans merci en menant une campagne internationale pour casser cet embargo. Méthodique, il a réussi à l'UGTA de re-adhérer les rangs de la Confédération internationale des syndicats libres. Faisant, par la suite, du “canal syndical” le réseau idéal pour expliquer et exposer les conditions réelles que vivait “l'Algérie des souffrances”, ainsi que les réalités sur la lutte menée par le peuple contre le terrorisme barbare. Cette action à l'international cadrait avec la profonde dimension de son nationalisme. Il était convaincu qu'on ne peut défendre les intérêts des travailleurs en dehors d'un Etat républicain, démocratique et social et d'une économie moderne et forte. C'est lui qui a dit “l'Algérie avant l'UGTA”. En ce dimanche 28 janvier, dix ans après le départ de celui qui n'a cessé de clamer “l'Algérie avant tout”, les syndicalistes du monde arabe se retrouvent à Constantine, la ville natale du défunt et qui a vu naître le premier syndicat dans l'histoire du monde arabe, celui des “rotativistes”, abrite dans le cadre de la célébration de la Journée de la solidarité des travailleurs arabes une rencontre sur les conventions collectives et la mondialisation. Né le 12 décembre 1944 à Constantine, Abdelhak Benhamouda a entamé ses études dans les écoles coraniques avant de rejoindre les écoles libres, durant la guerre de Libération nationale. Malgré l'incarcération de son père par l'administration coloniale, Abdelhak Benhamouda a poursuivi ses études. Depuis son jeune âge, Benhamouda était attaché aux idéaux de Novembre. Durant la guerre de Libération, presque enfant, il a côtoyé déjà plusieurs moudjahidine et fidayine de la ville, alors que son frère Mohamed était au maquis. Après l'Indépendance, le jeune Abdelhak a obtenu plusieurs certificats professionnels. En 1972, il a adhéré à l'Union des travailleurs du secteur de l'éducation et de la culture. De membre du bureau de wilaya de Constantine, il passa au poste de secrétaire général de wilaya en 1987. Il est secrétaire général de la Centrale syndicale lors du 8e congrès de l'UGTA. Il sera reconduit dans le même poste lors du 9e congrès. Le 28 janvier 1997, il tombe au champ d'honneur pour que l'Algérie reste debout. Le monde syndical retient de l'homme un pédagogue pour qui le patriotisme et le syndicalisme ne font qu'un. Akila Benabdessalem