Pour atteindre cet objectif, des responsables estiment changer le nom de leur formation. Des informations récurrentes recueillies auprès d'une source sûre et proche du parti font état qu'au sein de la direction de celui-ci, des responsables avaient engagé des démarches afin de pouvoir changer l'appellation de leur formation politique. Selon la source, cette idée, qui sera exposée lors du prochain congrès prévu pour mars 2003, est née après que des cadres de cette formation eurent entrepris des contacts avec des dirigeants du FIS dissous au niveau national. La source poursuit en expliquant que ce travail avait abouti au constat selon lequel la majorité des militants du FIS dissous estime que le mouvement Ennahda est inféodé au pouvoir, et que pour réussir à attirer et donc à embrigader un plus grand nombre de militants de la base de ce parti, il serait préférable de débaptiser le parti. Il y a lieu de rappeler que l'idée de récupérer la base militante du parti dissous existait bien avant l'arrivée de l'actuel secrétaire général par intérim. D'ailleurs, l'information faisant état d'une réunion tenue à Larbaâ, par les principaux chefs de l'organisation auto-dissoute AIS, et, selon laquelle (voir notre édition du 18 décembre 2002) la nécessité du retour de celle-ci sur la scène politique par le biais d'Ennahda avait été parmi les points retenus à la fin de cette rencontre, serait maintenant vérifiée. Car, aussi, comment peut-on expliquer la réaction de Adami par rapport à la recrudescence de la violence terroriste de l'été dernier? Il avait, rappelons-le, expliqué la situation qui prévalait par le fait surtout qu'«une grande injustice est entrain de régner dans le pays». C'est une réponse qui semblerait inadéquate, car, à comparer le pic des actes terroristes enregistré en ce début d'année 2003, il est facile de dire, et ce, surtout après les événements du 11 septembre, que même si une justice (sociale?) règne réellement, quel que soit le pays, le terrorisme persisterait, puisqu'il est devenu maintenant certain que, selon les spécialistes en la matière, ce phénomène est transnational et n'a pas d'attache sociale comme à ses origines. Donc, la position de Adami pourrait être expliquée comme celle d'une personne qui aurait été trahie, quelque part, en cours de route, et, peut-être, plus spécialement lorsque les éléments ayant appartenu au FIS dissous furent barrés des listes électorales par le ministère de l'Intérieur, lors des élections législatives de juin 2002. C'est là, apparemment, où on pourrait trouver une explication au retrait de Adami de son poste. Retrait d'ailleurs qui aurait vite précipité la dislocation de la direction du parti. L'arrivée du secrétaire général par intérim, Fatah Rebaï, aux commandes du parti a, précise-t-on, était «saluée» par la base, car, celui ci a vite fait de «changer le ton et le style» du discours prôné par Adami vis-à-vis de la démarche officielle. Enfin, à noter que l'instabilité a toujours caractérisé cette formation islamiste peut-être à cause de ces positions versatiles. Elle avait pris part d'abord à la fameuse alliance (Tahalouf) prônée en 90 avec le parti dissous et le MSP. Vient ensuite sa caution à la démarche du «groupe de Sant'Egidio» avec Cheikh Djabbalah, alors président d'Ennahda, qui s'est vu, par la suite, «dégommé». Il avait également participé avec l'équipe gouvernementale à la gestion des affaires de la cité. Sa dernière prestation a été celle marquée par un maigre score électoral. M.Fatah Rebaï, quelles que soient les techniques qu'il adoptera, réussira-t-il à remonter la pente?