Les délégués jaugeront de visu, demain, leur capacité de mobilisation. Conformément à la décision du conclave de l'interwilayas du 21 décembre dernier à Tizi Rached, la Cadc, à l'instar de la Cicb et de la Cccwb, a prévu des marches populaires synchronisées aux chefs-lieux de wilaya respectifs, demain à 10h 30. En effet, cette manifestation se veut essentiellement un élément de canalisation et de capitalisation de l'élan de solidarité manifesté jusque-là à l'égard des détenus grévistes de la faim, qui entament aujourd'hui le 38e jour de leur action. Ainsi, cette marche, qui sera appuyée par une grève générale que les ârchs veulent «noire et silencieuse», sera, en quelque sorte, le couronnement de toutes les actions consenties depuis près de 3 mois en signe de soutien à Abrika et ses compagnons. Or, les délégués jaugeront de visu, demain, leur capacité de mobilisation et tenteront de matérialiser sur le terrain tout le tapage médiatique, tous les meetings, les sit-in et les grèves entrepris par le mouvement citoyen depuis le 13 octobre dernier afin d'exiger la libération «immédiate et inconditionnelle» des détenus. Conscients du net recul de la mobilisation citoyenne, les animateurs de la Cadc mettent les bouchées doubles à la veille de cette marche. A ce titre, l'appel à la marche est diffusé depuis au moins deux jours et des affiches noires sont placardées sur les murs de la ville de Tizi Ouzou et des autres grandes agglomérations. C'est dire qu'il y va du devenir de la protesta. Une éventuelle défection de marcheurs sera interprétée comme le signal fort de l'essoufflement des ârchs. Une éventualité qui n'est pas à exclure, lorsqu'on sait que des franges entières de la société kabyle oppose de plus en plus de réticences aux méthodes employées par les ârchs, même si ce rejet est encore de balbutiement. L'effritement de la base du mouvement n'est pas en reste, sachant que, hormis les villages de la Haute-Kabylie et les localités de la Kabylie maritime, les autres régions ont depuis longtemps consommé leur divorce avec la Cadc à l'image de Draâ Ben-Khedda, Tadmaït, Draâ El-Mizan ou encore Boghni et Tizi Ghennif. Un autre élément et pas des moindres pourrait également «parasiter» la manifestation. Cet élément n'est autre que l'incontournable «répression» policière, d'autant plus que depuis quelque temps, la ville de Tizi Ouzou avait été érigée en seconde cité interdite aux ârchs après Alger. L'empêchement musclé de la marche du 5 octobre dernier et des toutes dernières actions de la Cadc, illustrent parfaitement ce nouvel état des lieux. En attendant, la coordination de la ville de Tizi Ouzou avait prévu une réunion pour hier afin d'étudier les modalités techniques relatives à cette marche ainsi qu'à la grève de la faim décidée par les familles et les sympathisants des six détenus.