Alger et Bucarest ont des défis à relever et une coopération à intensifier. «La force d'exemple est importante dans la vie internationale. De cette perspective, les relations politiques algéro-roumaines sont exemplaires». C'est en ces termes, que le président roumain, M.Ion Iliescu, actuellement en visite d'Etat dans notre pays, a qualifié les rapports entre Bucarest et Alger dans son discours devant les parlementaires algériens. Après avoir fait la genèse de l'histoire politique et économique de son pays durant ces dix dernières années avec des flash- backs sur le passé millénaire de la Roumanie, et le parallèle des tourments traversés par les deux pays dans leur passage à la démocratie, au pluralisme politique et à l'économie de marché, le chef de l'Etat roumain a réaffirmé «la ferme volonté de son pays de renforcer, d'élargir et de diversifier les rapports traditionnels algéro-roumains». Datant les rapports entre les peuples roumain et algérien de l'époque de la Guerre de libération nationale et indiquant que son pays a été, en 1962 parmi les premiers pays qui ont reconnu l'indépendance de l'Algérie, le président roumain a énuméré par la suite les domaines de coopération passés et présents entre les deux pays. Il a reconnu cependant que «le volume actuel des échanges commerciaux a baissé au cours de ces dernières années et il est loin des possibilités des économies des deux pays, ne comptant que presque 25 millions de dollars durant l'année passée». Et pour pallier cette situation anormale, le président Iliescu a rappelé dans son discours devant l'APN, que «lors de sa (présente) visite en Algérie, a été signé l'accord sur la création du Conseil des hommes d'affaires (algéro-roumain), qui remplacera la Commission mixte de coopération économique» entre les deux pays. Organisé par les chambres de commerce des deux pays, ce premier forum, qui s'est ouvert hier en présence d'ailleurs du chef de l'Etat roumain, s'est, dès à présent, traduit par la signature de deux protocoles d'accord additionnels entre les deux institutions commerciales. Auparavant, devant un hémicycle bien pourvu en députés, le président de l'APN, M.Karim Younès, a accueilli le président roumain. Parmi les moments forts de cette cérémonie d'accueil, l'annonce, par Karim Younès, de la création toute récente d'un groupe d'amitié parlementaire algéro-roumain qui, selon lui, «aura un effet positif dans la redynamisation des relations bilatérales dans tous les domaines», et la remise par le président de l'Assemblée nationale à l'hôte de l'Algérie d'un présent symbolique -un burnous- au nom de l'institution. Il est vrai que c'est la première fois dans cette 5e législature qu'un chef d'Etat étranger prononce un discours devant l'une des deux Chambres du Parlement algérien, cela d'autant que l'Assemblée algérienne, composée de pas moins de 9 formations politiques et d'un certain nombre d'élus indépendants, cristallise dans les faits tous les courants de pensée de la scène politique algérienne en plus du fait qu'elle accorde une place de choix à l'élément féminin. En somme, par ce discours devant les députés algériens toutes tendances confondues, le chef de l'Etat roumain octroie une reconnaissance supplémentaire à l'une des principales institutions du pays qu'il visite et sur laquelle est basé tout le processus démocratique en construction de ce dernier. En retour, cette dernière, par la voix de son président, a réaffirmé sa détermination à «soutenir et à accompagner les efforts des deux gouvernements visant à densifier et à diversifier les relations algéro-roumaines, eu égard aux énormes potentialités que recèlent les deux pays». Autrement dit entre Alger et Bucarest, ce sera une coopération économique et commerciale tous azimuts et politiquement très soutenue.