Si les choses sont claires pour l'affaire d'enlèvement des deux otages autrichiens enlevés par Al-Qaïda Maghreb le 22 février 2008 en Tunisie puis transférés au Mali, qui sont toujours introuvables, c'est loin d'être le cas pour ces touristes européens enlevés en Egypte, car Le Caire se refuse d'établir tout lien avec l'activité terroriste. Jusqu'à hier, il était impossible de savoir qui avait enlevé ni qu'étaient devenus les 19 otages, dont onze étrangers, retenus par un groupe de ravisseurs après leur enlèvement vendredi dernier à une dizaine de kilomètres de la frontière avec le Soudan. L'annonce de la libération des otages depuis le siège des Nations unies à New York, lundi soir par le chef de la diplomatie égyptienne, s'est révélée fausse. En effet, les autorités égyptiennes ont dû démentir depuis Le Caire cette information, qui a semé la confusion hier. Les ambassades d'Italie et d'Allemagne, concernées car parmi les onze touristes détenus cinq sont Allemands et cinq autres Italiens, n'étaient guère informées et se sont refusées à confirmer cette information. C'est l'agence de presse égyptienne, Mena, qui s'est chargée de démentir l'annonce d'Aboul El Gheit, sans pour autant le citer. En effet, elle s'est limitée à indiquer que les efforts égyptiens en faveur de la libération du groupe de touristes étaient “toujours en cours”. Le ministre du Tourisme, Zoheir Garrana, qui a affirmé que des contacts indirects étaient en cours avec ces “bandits” demandant une rançon, a également déclaré ne pas être au courant d'une quelconque libération. Quant au porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, il a rendu public un communiqué, dans lequel il a qualifié les propos attribués à M. Aboul Gheit de “pas précis”. Emboîtant le pas aux déclarations d'autres responsables, il affirme : “Il s'agit de banditisme et non de terrorisme.” Aux dernières nouvelles, les autorités égyptiennes ont dépêché hier à Khartoum une équipe pour coordonner avec les autorités locales les efforts de libération des otages. “L'Egypte a envoyé des officiers des services de renseignements au Soudan pour travailler avec les autorités soudanaises en vue de la libération des otages”, a déclaré un responsable égyptien. Cela étant, des informations de presse, non confirmées, ont fait état hier de menaces des ravisseurs d'exécuter les otages si les autorités égyptiennes tentaient d'approcher par avion ou hélicoptère du lieu de leur détention. Des contacts avec les ravisseurs se sont noués via l'épouse allemande du directeur de l'agence de voyages, Kirsten Butterweck-Abdel Rahim, selon le ministre du tourisme égyptien, qui a ajouté que “la partie allemande” négociait de son côté. La représentation diplomatique allemande au Caire n'a pas confirmé cette information. De son côté, l'ambassadeur de Roumanie en Egypte, Gheorghe Dimitrou, dont une des ressortissantes de son pays fait partie des otages, a affirmé que la situation était “inchangée” hier, et que son pays n'avait ouvert “aucune négociation” avec les ravisseurs. Cette affaire d'otages vient rappeler l'enlèvement en Tunisie de deux Autrichiens, le 22 février 2008, par Al-Qaïda au Maghreb, avant de les transférer par la suite au Mali, où ils y seraient encore. Si les choses sont claires pour ce cas, qui est lié au terrorisme, c'est loin d'être le cas pour celui de l'Egypte, dont les autorités se refusent d'établir tout lien avec l'activité terroriste. Le Caire s'entête à affirmer qu'il ne s'agit que de banditisme. C'est une chose que les jours à venir détermineront avec exactitude. Merzak T.