Le président sud-africain, Thabo Mbeki, renvoyé par son propre parti sous l'accusation d'avoir influencé la justice contre son rival, Jacob Zuma, a contre-attaqué auprès de la Cour constitutionnelle, alors que le Parlement a fixé, hier, pour le 25 septembre prochain, la date de son départ. La vice-présidente, Phumzile Mlambo-Ngcuka, une de ses fidèles, a, par ailleurs, remis hier sa propre démission au chef de l'Etat sortant et a annoncé son départ de la Chambre des députés. Onze ministres sud-africains dont le ministre des Finances, Trevor Manuel, très apprécié des investisseurs internationaux, ont démissionné dans le sillage du chef de l'Etat, Thabo Mbeki, a annoncé la présidence dans un communiqué. C'est dire que la crise s'amplifie. Ainsi, Mbeki s'est joint lundi soir à l'appel du procureur général contre un jugement qui a précipité sa chute, dans le cadre d'un procès pour corruption contre son rival, Jacob Zuma, le chef du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir depuis la chute de l'apartheid en 1994. Dans les attendus du jugement invalidant le dossier d'accusation contre M. Zuma pour vice de forme, le juge, Chris Nicholson, avait dénoncé le 12 septembre dernier des “interférences politiques” auprès du procureur. Les attendus du juge Nicholson sont “scandaleux et préjudiciables” et ont entaché sa réputation en tant que personne privée et chef de l'Etat, fait valoir M. Mbeki dans la plainte déposée auprès de la Cour constitutionnelle. “Il est injuste que je sois jugé et condamné sur la base de ces attendus qui ont conduit mon parti, l'ANC, à me rappeler”, écrit-il. “Je crains que, si cette situation n'est pas rectifiée, je n'endure un préjudice plus élevé encore.” La décision du comité directeur de l'ANC, si elle est acceptable du point de vue de la Constitution, puisque le président n'est pas élu par le peuple mais par la majorité parlementaire, a été vivement dénoncée en Afrique du Sud. Le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, autorité morale du pays, a ainsi exprimé sa “profonde inquiétude devant le fait que la nation (...) soit soumise à la volonté d'un parti politique” sous le jeu de dissensions personnelles. R. I./Agences