Affirmant que le terrorisme a été vaincu en Algérie, le ministre des Affaires étrangères met la poursuite de l'activité sur un soutien de l'extérieur et met le Maroc devant ses responsabilités sur la question du Sahara Occidental, tout en dénonçant le rôle ambigu des Américains et des Français dans ce conflit. Dans un entretien accordé au quotidien arabophone paraissant à Londres, “Asharq Alawsat”, le chef de la diplomatie algérienne lève le voile sur un certain nombre de questions internationales concernant l'Algérie, tels que le conflit du Sahara Occidental, la Palestine, le Darfour, l'Union pour la Méditerranée et le terrorisme. “Le terrorisme a été vaincu, maintenant, c'est le soutien de l'extérieur.” C'est sur ce dernier point que Mourad Medelci a affirmé que ce fléau a été vaincu dans notre pays. “La réconciliation nationale a donné une chance à tout le monde pour retrouver les siens. La preuve, nous avons enregistré le retour de milliers de ceux qui portaient les armes à leurs familles et ont recouvert pleinement leurs droits. Pour ce qui est des quelques événements qu'a vécus l'Algérie, de notre point de vue, son élément n'est pas algérien. Les auteurs de ces actes sont financés de l'étranger”, a expliqué le ministre. Poursuivant son analyse de ce phénomène, il dira : “Nous estimons que le terrorisme n'est pas propre à l'Algérie, et bien que nous lui ayons trouvé une solution interne, le problème est situé à l'extérieur de l'Algérie et c'est un mal international.” Au sujet de la nébuleuse Al-Qaïda, Medelci estime qu'“elle écume de nombreux endroits de la planète et qu'elle ne vise pas essentiellement des objectifs en Algérie, mais un peu partout à travers le monde. Nous avons besoin d'aboutir à une solution radicale, qui pourrait être des solutions politiques à certains conflits, notamment ceux du Proche-Orient, d'Irak et d'Afghanistan. Nous pensons que ces conflits alimentent le terrorisme à travers le monde”. “L'autonomie préconisée par Rabat bloque le conflit sahraoui” Abordant le conflit du Sahara Occidental, le ministre des Affaires étrangères soulignera que “les relations algéro-marocaines sont bonnes et qu'il n'existe aucun différend entre les deux parties, sauf que la position du Maroc concernant l'affaire du Sahara Occidental ne paraît pas encourageante pour aplanir les problèmes entre l'Algérie et le Maroc”. Revenant sur la position algérienne, il indiquera : “Pour nous, la question est très simple. Nous travaillons sur la base des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui confortent le principe du droit à l'autodétermination et donnent au peuple sahraoui la possibilité d'opter pour le choix A ou B. Il est clair également que le Front Polisario est disposé à négocier sur cette base, mais le problème réside dans la persistance du Maroc à s'accrocher à leur choix (autonomie), qui est non négociable selon eux.” Partant de ce constat, Mourad Medelci aboutira à la conclusion que tant que Rabat s'accrochera à cette position, le différend entre l'Algérie et le Maroc restera en suspens. Ceci étant, il émettra l'espoir de voir des développements dans les prochains jours : “Nous encourageons, toutes les initiatives visant à trouver une solution, pour peu qu'elle permette aux Sahraouis de prendre leur décision en toute liberté conformément à la légalité internationale et aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.” Toujours sur le conflit du Sahara Occidental, le chef de la diplomatie algérienne dénoncera l'attitude des Etats-Unis et de la France, qui se caractérisent par une ambiguïté totale. En réponse à une question sur le soutien de Washington et Paris au plan d'autonomie préconisé par le Maroc, il précisera : “La position de ces pays au Conseil de sécurité est en contradiction avec les résolutions de cet organe. Je veux dire qu'ils adoptent une résolution au Conseil et optent pour des positions tout autres en dehors. Ces contradictions sont très dangereuses, à mon sens.” Union pour la Méditerranée : un projet sans moyens Interrogé sur l'Union pour la Méditerranée, Mourad Medelci fera remarquer que les pays du Maghreb attendent des Européens une coopération effective et non un discours politique et le retour aux problèmes récurrents. “De la réunion de création de l'Union pour la Méditerranée, nous attendions un changement qualitatif, à travers des projets concrets, traduisant l'espoir des pays méditerranéens qui œuvrent pour un développement de la région”, insistera le ministre algérien. Il ne manquera pas d'afficher son scepticisme en en ajoutant : “Ce qui s'est passé, c'est que nous nous sommes retrouvés sans moyens de concrétiser cette volonté rapidement. Et nous sommes toujours dans l'attente que l'Union Européenne dégage des ressources pour ce grand projet. À ce jour, les Etats de l'Union pour la Méditerranée ne possèdent pas de budget, et le budget de l'Union Européenne ne prévoit pas avant 2013, le projet de l'Union pour la Méditerranée. Cela nous amène à la conclusion que l'Union pour la Méditerranée n'avance que graduellement du point de vue théorique seulement.” La colonisation et la position ambiguë d'Israël Sur le conflit du Proche Orient, Medelci déclarera que nombre d'obstacles empêchent l'aboutissement des négociations entre Israéliens et Palestiniens entamées après la conférence d'Annapolis. Il pointera du doigt l'Etat hébreu, qui par sa politique de colonisation, va à l'encontre de tout solution, ce qui a poussé les ministres des Affaires étrangères arabes à soulever le problème devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Selon lui, le but est de démontrer que les Arabes recherchent la paix et que la communauté internationale ne joue pas son rôle convenablement en laissant Israël agir à sa guise, en poursuivant ses dépassements en tout genre. Pour le ministre, l'objectif recherché par la commission ministérielle arabe est d'assurer la continuité des négociations avec le prochain gouvernement israélien et la future administration américaine, mais que cela ne se fasse pas au détriment des Palestiniens. Il insistera sur le fait que le rôle des Etats-Unis dans le règlement de ce conflit ne suffit pas à lui seul, et qu'il faut que d'autres parties s'impliquent pour accompagner le processus de paix. Darfour et Cour pénale internationale Au sujet du Darfour, Mourad Medelci établira tout de suite le lien avec l'épée de Damoclès que fait planer la Cour pénale internationale sur la tête du chef de l'Etat soudanais, en affirmant que tout émission d'un mandat d'arrêt à l'encontre du président El-Bechir est rejetée par le groupe des pays africains, arabes et musulmans, ainsi que par les pays non alignés. “Cela est refusé en tant qu'idée même, parce que juger un chef d'Etat par la Cour internationale est inacceptable par principe”, lancera-t-il. Le chef de la diplomatie algérienne révélera que le but était de rallier toutes les parties à l'initiative arabo-africaine, et dont neuf membres du Conseil de sécurité de l'ONU en sont convaincu, mais certaines parties demeurent réservés ou la rejettent. Concernant le mandat de la Cour pénale internationale, il indiquera que celui-ci pourrait être émis dans les deux mois à venir, mais tant que le dossier est entre les mains du conseil de sécurité, nous tentons de créer un climat propice pour l'acceptation de l'initiative arabo-africaine, à travers les activités de la commission quadripartite que nous avons mise en place composée de pays membres de l'Union africaine et de la Ligue arabe. Synthèse de Merzak T.