C'est une position pour le moins ambivalente, voire ambiguë de la part des hautes autorités françaises qui font montre d'une dichotomie dans un discours difficile à saisir. Pour nouer et engager le dialogue entre pays frères dans le cadre des rapports nous liant en matière de coopération ou d'échanges bilatéraux, concernant le conflit du Sahara occidental, M. Belkhadem a tenu à réitérer son soutien au peuple sahraoui. «Nous resterons fidèles à la légalité internationale et aux résolutions pertinentes de l'ONU.» Interrogé sur la loi sur les Français rapatriés, le ministre a soutenu mordicus que la falsification de l'Histoire ne peut être cautionnée par l'Algérie. La France officielle et le peuple français doivent se démarquer de cette loi. Réagissant aux propos du ministre français des Affaires étrangères, le ministre d'Etat Abdelaziz Belkhadem a déclaré, au cours d'une conférence conjointe avec son homologue tunisien, M.Abdelbaki El Harmassi: «L'Algérie n'a pas besoin de médiateur dans le cadre de ses relations avec les pays frères. Nous n'éprouvons guère le besoin de recourir à des ministres français ou espagnol.» Il y a à peine quelques jours, le président français, Jacques Chirac, estimait que le conflit du Sahara occidental devait être réglé dans le cadre onusien et ce juste après la répression qui s'est abattue sur les populations d'El Ayoun dans les territoires sahraouis, occupés par les services de l'ordre marocains, ne voilà-t-il pas que le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, dans un entretien qu'il a accordé au quotidien marocain proche du pouvoir Le Matin, rectifie le tir, et désavoue le chef de l'Etat français en déclarant: «sommes convaincus, comme l'Espagne et d'autres partenaires, qu'un dialogue politique direct entre Rabat et Alger sur cette question est de nature à favoriser le règlement du conflit du Sahara occidental», ajoutant que «la position constante de la France est qu'elle est favorable à la recherche d'une solution politique mutuellement acceptable par les parties, dans le cadre des Nations unies». Pour le chef de la diplomatie française, «l'essentiel aujourd'hui, a-t-il enchaîné, est d'essayer d'aller de l'avant, dans un esprit positif, qui est, j'en suis sûr, celui des autorités marocaines». «Nous encourageons les deux pays à reprendre un dialogue nécessaire et possible.» Le ministre des Affaires étrangères était en visite ce mardi à Casablanca avec le roi Mohammed VI ainsi que son homologue marocain, Mohamed Benaïssa. C'est à se demander si cette volte-face répond à des formalités protocolaires ou si c'est un message que la France tente de transmettre à l'Algérie notamment suite au froid qui s'est installé entre les deux pays à cause de la loi sur les Français rapatriés et dont on exige implicitement à la France qu'elle le revoie afin de ne pas compromettre le traité d'amitié devant être paraphé d'ici à la fin de l'année en cours. L'autre lecture que l'on peut faire est que, présentement, la France est prise de court par l'Espagne qui s'active sur le terrain en choisissant le camp de la légalité. En tout cas, c'est une position pour le moins ambivalente voire ambiguë de la part des hautes autorités françaises qui font montre d'une dichotomie dans un discours difficile à saisir. Cette «désinvolture» diplomatique met la France à l'abri de l'obligation de prendre une position franche et sérieuse et en ménageant le chou et la chèvre, elle s'en tire à bon compte sans devoir s'allier à l'un ou à l'autre. Le Maroc, de son côté, se complaît dans cette situation qui fait perdurer le statu quo. Il faut rappeler qu'alors, qu'au moment où l'on espérait une décantation, les relations entre l'Algérie et le Royaume chérifien sont tombées au-dessous de zéro. L'édification de l'UMA reste tributaire de ce dossier épineux, évacué chaque fois qu'un sommet entre les chefs d'Etat maghrébins était sur le point de se tenir. Ce dernier est, à plusieurs reprises, reporté sine die. Présentement, la crise culmine entre l'Algérie et son voisin de l'ouest qui rejette le principe d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental, une solution devenue selon lui « obsolète ». Il préconise une large autonomie du territoire, dans le cadre de la souveraineté marocaine. Interrogé sur l'intensification de la présence espagnole au Maroc, M.Douste-Blazy a répliqué qu'il ne fallait pas «tirer argument d'un dynamisme espagnol, aujourd'hui peut-être plus visible, pour imaginer un désengagement français, ce qui n'est pas le cas», ajoutant que «notre présence au Maroc est constante. La France demeure de loin le premier fournisseur du Maroc, le premier investisseur étranger avec 54% des flux d'investissements directs et la première source d'aide publique au développement puisque nous en apportons le tiers». Concernant l'activité diplomatique espagnole, le secrétaire aux relations extérieures au Parti populaire (PP), Jorge Moragas a soutenu mordicus, lundi passé, que le Sahara occidental «n'est pas marocain, conformément à la légalité internationale et devrait être administré par la Mission des Nations unies chargée d'organiser le référendum d'autodétermination (Minurso)». De son côté, le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), secrétaire général du Front Polisario, dans un entretien au quotidien espagnol ABC, publié lundi, a affirmé que «nous croyons que l'Espagne peut et doit jouer un rôle plus important dans le règlement du conflit du Sahara occidental». Ce dernier a démenti «de la manière la plus absolue négocier avec le gouvernement marocain sur le Sahara occidental».