C'est un véritable retour aux sources que semble entamer le fils d'Eckmühl. À 48 ans, il enregistre son nouvel album aux couleurs nostalgiques dans un studio parisien, sous la houlette du producteur Martin Meissionnier, une vieille connaissance. Ennuis judiciaires, mauvais choix musicaux – son dernier album Ya Rayi est passé totalement inaperçu –, la carrière internationale du king du raï semblait en panne. En dehors de ses concerts triomphaux à Alger, Oran ou Annaba, le chanteur semblait avoir du mal à rebondir. D'autant que la mode du raï en Europe, dont le climax fut incontestablement le concert “1, 2, 3 Soleil” (avec Faudel et Taha), à Paris Bercy en 1998, est aujourd'hui oubliée. Pour éviter de reproduire les erreurs du passé, le chanteur a décidé de reprendre sa collaboration avec une connaissance de ses débuts. Le producteur Martin Meissionnier fut en effet à l'origine de Kutché, le premier album international de Khaled en 1987. Sous sa direction, le chanteur décide d'un retour aux origines du genre et prend ses quartiers au mois de septembre dernier au studio Davout, dans le XXe arrondissement de Paris. Pour son retour, Khaled a choisi de renouer avec le répertoire interprété depuis des années lors de ses tournées. “Ce sont des chansons en dialecte oranais qui parlent d'amour, de fête, de tristesse...”, précise le chanteur, au quotidien français Le Parisien, qui l'interrogeait la semaine dernière. “Au début de ma carrière, dans les mariages, j'avais deux répertoires : un pour les hommes puis, à partir de 3-4h du matin, un autre pour les femmes.” Meissionnier lui a imposé un exercice inédit, depuis Sahra : ses douze chansons seront enregistrées dans les conditions du live, avec son groupe de scène. Cela ne s'est pas passé sans mal. “Il n'a jamais fait ça et c'est le parti pris de l'album, expliquait le producteur au Parisien. Voilà des années que je voulais graver sur un disque l'émotion qui transparaît lors de ses concerts.” Sur l'album, qui n'a pas encore de nom, on trouve aussi une perle, qui, à elle seule, symbolise cette forme de retour aux origines : Zabana, une chanson dédiée à Ahmed Zabana, le premier moudjahid guillotiné en 1956. L'album contient également un titre inédit en français, Papa, dans lequel il rend hommage à son père disparu : “Les souvenirs de ma vie, Oran, le raï aussi, c'est à toi que je le dois…” Le disque sortira chez AZ/Universal quatre ans après Ya Rayi. “Le raï s'est dénaturé lorsqu'il a été commercialisé, analyse Martin Meissionnier. Je pense que c'est le moment pour Khaled de reprendre sa place. Celle du boss.” À entendre les commentaires élogieux, mais récurrents sur sa voix retrouvée, on ne doit s'attendre qu'au meilleur. Réponse dans trois mois. Synthèse R. C.