Dix mois après, un enquêteur de l'ONU met à nu les dysfonctionnements dans sa gestion des services de sécurité de cette instance et recommande des blâmes, ainsi que des sanctions à l'encontre de douze de ses fonctionnaires. Le rapport rendu public mercredi dernier fait état de “grandes fautes dans l'appréciation des évènements et la gestion” et relève notamment l'absence de contrôle de la part des hauts responsables onusiens préoccupés essentiellement par l'Irak et d'autres pays à cette période. Il est également souligné la mauvaise qualité du plan de sécurité obéissant beaucoup plus à des considérations politiques. Pour rappel, le secrétaire général adjoint de l'ONU, chargé de la sécurité du personnel, le Britannique David Veness, avait remis le tablier en juin dernier pour avoir été mis en cause dans un précédent rapport. La commission mise en place à cette même date, et présidée par l'ancien sous-secrétaire général aux affaires juridiques et chef du groupe indépendant sur la sûreté et la sécurité du personnel et des locaux des Nations unies, Ralph Zacklin, a abouti à la conclusion qu'“il est apparu évident au groupe indépendant qu'il était impossible de dissocier la question de la responsabilité individuelle de celle de la structure en matière de sécurité”, et que “le système de sécurité par phase, tel qu'il est actuellement constitué, ne fonctionne pas correctement car il est interprété de différentes manières par différentes personnes dans différents lieux d'affectation”. Il a été rassemblé des éléments sur “12 individus et un organisme de responsabilité collective”, à savoir l'équipe chargée de la gestion de la sécurité. Ralph Zacklin a expliqué que le mandat du panel l'autorisait seulement à faire des recommandations au secrétaire général, et que les mesures prises par la suite revenaient à “la discrétion du secrétaire général”, tout en précisant que les travaux du panel ont surtout permis de mettre à jour des “problèmes dans la structure en matière de sécurité”. En ce qui concerne la responsabilité liée à l'attentat contre les bâtiments de l'ONU à Alger en décembre 2007, que “les dysfonctionnements du système actuel ne sont pas attribuables au seul manque de ressources”, mais également à “des manquements de la part des personnes qui l'ont conçu et mis en œuvre”. Quant à la démission en juin dernier du secrétaire général adjoint à la sécurité et à la sûreté, David Veness, le chef du groupe indépendant avouera : “Nous apprécions le fait qu'il ait démissionné.” Il expliquera les dysfonctionnements par le fait que “les Nations unies n'auront jamais le même type de budget que les gouvernements nationaux pour leur sécurité”. Partant de là, il recommandera que des priorités concernant les missions confiées à chaque département, la composition du personnel de ces départements, et sa formation, soient établies. Ralph Zacklin fera remarquer que le “conflit d'intérêts” dans lequel se trouve le responsable désigné dans chaque bureau de l'ONU sur le terrain. Selon lui, il est à la fois chargé des tâches de sécurité et de la mise en œuvre des programmes, “ce qui crée une situation très difficile pour la personne qui doit assumer ces responsabilités”. Sans citer de noms de pays, il évoquera les difficultés dans les relations avec un pays hôte que peut entraîner une hausse du niveau d'alerte dans le système de sécurité par phase de l'ONU. Dans ce cadre, il affirmera que “le groupe indépendant a établi que de nombreux pays hôtes ne voient pas d'un bon œil le fait que la sécurité soit placée à un niveau élevé, car, pour eux, cela indique que le pays n'est pas sûr”. Il conclura son rapport en déplorant “un manque généralisé de culture de la responsabilité dans le système ONU”, et “une réticence marquée, de la part de certaines des personnes entendues, à accepter les procédures et les méthodes de travail du groupe”, ce qui, selon lui, “reflète une attitude de rejet individuel et institutionnel de la responsabilité, qui est malheureusement prédominant dans le cas présent”. Merzak T.