Les rumeurs faisant état de trafic d'organes sont sans fondements, selon les deux praticiens, car la greffe est un acte hautement technique réservé aux seuls spécialistes. “Le trafic d'organes est inexistant en Algérie”. Ce sont là les déclarations du professeur Rayane membre de la Société algérienne de néphrologie, de dialyse et de transplantation, lors de son passage au Forum d'El Moudjahid, hier, à l'occasion de la Journée mondiale de dons d'organes célébrée tous les 15 octobre. Il estime que les rumeurs qui ont circulé sur un prétendu enlèvement d'enfant pour le trafic d'organes, sont sans fondements, car ajoute-t-il, “la greffe rénale nécessite des moyens sophistiqués et des équipes médicales expérimentées. Ces moyens humains et matériels ne peuvent exister que dans des structures hospitalières importantes où le trafic d'organes ne peut avoir lieu”. Lui succédant, le Pr Benabadji, chef de service de néphrologie au centre hospitalo-universitaire de Béni-Messous, rappelle que les organes prélevés ont une durée de vie limitée. “Pour réaliser une greffe, des analyses de compatibilité sont indispensables et cela demande du temps”, dit-il. Justement les lois en vigueur en Algérie sont si rigoureuses qu'elles ne laissent aucune faille pouvant être exploitées par de probables trafiquants. En effet, le législateur n'a autorisé que le don d'organes émanant de personnes ayant des liens étroits de parenté : père, mère, frère, sœur, fils ou fille. Même le don d'organes entre conjoints est interdit pour éviter tout mariage rémunéré, spécialement concocté à cet effet. Les deux professeurs reconnaissent que des Algériens ayant les moyens achètent des organes dans certains pays où la loi l'autorise. “Il y a des citoyens qui sont partis dans des pays comme l'Irak pour bénéficier d'un rein acheté”, affirme le Pr Rayane. Quant à la greffe d'organes en Algérie, les deux conférenciers regrettent le recul de cette activité. “Nous étions les leaders dans le Maghreb, mais avec le temps, les autres pays ont fait de grands pas en avant, et notre pays a connu une stagnation”, regrette le Pr Rayane. Ce dernier évalue le nombre de greffes de reins en Algérie, depuis 1986, à 500 interventions dont quatre réalisées à partir de cadavres à Constantine en 2002. “Chaque année, les CHU algériens réalisent entre 120 à 200 greffes de reins. Ce nombre est très en deçà des besoins réels et surtout des capacités des équipes chirurgicales. Nous devons au moins parvenir à greffer 50% des nouveaux cas diagnostiqués et qui s'élèvent à 4 000 par an”, espère le Pr Rayane. Il affirme qu'il y a 6 millions de malades algériens (diabétiques, cardiaques et hypertendus) qui peuvent développer une insuffisance rénale. Il insiste sur le rôle du néphrologue et de l'urologue dans le diagnostic des insuffisances rénales. Pour lui, la greffe rénale demeure la meilleure solution pour sauver les malades. “L'acte chirurgical coûte, certes autant qu'une année de dialyse, mais après c'est bénéfique pour la collectivité et pour le patient qui devient autonome”, explique le même praticien. Cette situation engendre l'augmentation du nombre de malades hémodialysés qui avoisine aujourd'hui les 13 000. Ils sont pris en charge dans les 250 centres répartis entre les secteurs privé et public. Djafar Amrane