La visite que vient d'effectuer le président Bouteflika dans la wilaya de Tlemcen a confirmé ce qui se disait déjà depuis la tentative d'assassinat commise par un kamikaze à Batna, il y a plus d'un an, et la dernière visite effectuée à Bouira, où un plan ciblant le président a été déjoué : Bouteflika est bel et bien ciblé. Il est devenu, l'espace d'une transformation du GSPC en une antenne d'Al-Qaïda, une cible médiatique privilégiée. La virée tlemcénienne de Bouteflika a été entourée d'un dispositif sécuritaire exceptionnel. Hasard de calendrier ? Quatre terroristes furent abattus dans la région de Remchi à la veille de l'arrivée du Président dans la wilaya. Des rumeurs ont circulé, relayées par des chaînes satellitaires du Golfe et un quotidien arabophone, au sujet d'un attentat devant cibler le chef de l'Etat à Tlemcen. Un confrère arabophone est allé jusqu'à affirmer que des immigrés clandestins de l'Afrique sub-saharienne auraient été recrutés pour exécuter cette besogne. Le démenti n'a pas tardé à venir de la part du ministre de l'Intérieur, qui a nié l'existence d'un projet d'attentat contre le Président lors de sa visite à Tlemcen. Tout en rendant un vibrant hommage à l'armée, qui a fourni un effort remarquable pour sécuriser tout le parcours devant être emprunté par le chef de l'Etat, Noureddine Yazid Zerhouni a tenu à rappeler que cette visite était annoncée depuis un mois. Une façon d'affirmer que les forces de sécurité sont capables d'assurer la sécurité du Président lors de ses déplacements, même si ces derniers deviennent de plus en plus rares. Au-delà des rumeurs et du démenti des officiels, il y a lieu de relever que les déplacements du chef de l'Etat, jadis très fréquents, deviennent à présent problématiques. À moins de six mois de l'élection présidentielle, cette nouvelle donne n'est pas sans influer sur le cours de la campagne électorale à venir. Le Président Bouteflika ne pourra pas, dans ce cas, mener convenablement une campagne électorale, comme il avait l'habitude de le faire, avec des meetings populaires et autres bains de foule. Il se murmure que la campagne serait assurée, des fois, par Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, ainsi que d'autres alliés qui iraient prêcher la cause du troisième mandat. Il est vrai, aussi, que le Président Bouteflika ne semble pas en mesure, physiquement parlant, d'assurer le rythme infernal d'une campagne électorale. Si le poids de l'âge et les ennuis de santé semblent constituer un ralentisseur à l'élan du Président-candidat, les menaces terroristes ne pourront, en aucun cas, l'empêcher de poursuivre sa mission et d'aller jusqu'au bout de ses projets. Sinon, ce serait perçu comme une abdication à la logique des groupes terroristes. Or, l'Algérie, qui a réussi à gagner la bataille contre la logique barbare, alors qu'elle n'avait même pas les moyens de sa politique et qu'elle était soumise à un boycott international, ne peut s'accommoder d'une concession aussi gratuite aux groupes terroristes au moment où ces derniers ne disposent plus de moyens aussi redoutables que ceux du sinistre GIA. L'élection présidentielle de 1995 était une réponse fulgurante de l'Algérie qui se bat pour la vie à la logique meurtrière des hordes criminelles. Ce n'est donc pas en 2008 ou en 2009 que l'Algérie, forte du soutien international dans sa lutte antiterroriste, va faire marche arrière et adopter un profil bas face à des groupuscules terroristes aux abois. Il y va de la crédibilité d'un Etat et de sa survie. AZZEDDiNE bensouiah