L'ombre de Ben Laden et son internationale terroriste a toujours plané dans les maquis algériens. Al-Qaïda a même vengé, en 2003, la mort de son émissaire pour le Maghreb et le Sahel, Mohamed El-Yamani, éliminé quelques semaines avant par l'ANP, en assassinant 43 jeunes parachutistes de Biskra. Une embuscade sanglante tendue aux fins fonds des maquis d'Iguelfen dans les monts de Taghda, commune de Manaâ dans la wilaya de Batna. Cette déclaration de taille, pour comprendre le fait terroriste, a été révélée hier, au tribunal de Batna, par l'un des terroristes les plus actifs et sanguinaires du GSPC et qui a pris part à son exécution. Il s'agit de C. Rachid, alias Abou Baraâ, qui s'exprimait devant les juges dans une affaire de terrorisme. Le parcours de ce terroriste, qui s'est mis à la solde de l'internationale djihadiste il y a 5 ans, est entaché de sang. Il a émargé à la sinistre katibat El-Maout, une phalange qui a fait, toujours d'après les aveux de C. Rachid au moment de son arrestation en décembre 2004, pas moins de 156 morts et 161 autres victimes en espace de 10 ans de terreur. Même le président de la République a été ciblé par les stratèges de la mort de ce groupuscule le 6 septembre dernier. En effet, le commanditaire de cette tentative avortée, Ali Mehira, faisait partie du groupe qui a visé les 43 jeunes des forces aéroportées. Enrôlée elle aussi, hier, cette affaire qui tient en haleine l'opinion publique nationale a été, elle, ajournée. En effet, le tribunal criminel de Batna a décidé de reporter à une date ultérieure le procès de katibat El-Maout qui a fomenté la tentative d'assassinat de Abdelaziz Bouteflika, le président de la République. Une affaire au cours de laquelle devraient être jugés 35 terroristes, dont El-Para, ex-“émir” de la zone 5 du GSPC, et Ali Mehira, “émir” de katibat El-Mout dans les Aurès. Les juges ont accepté un recours introduit par un des deux terroristes arrêtés, C. Rachid, âgé de 33 ans, qui a affirmé ne pas avoir été entendu par les enquêteurs dans cette affaire qui, rappelons-le, concerne des incursions commises par ce groupe dans les communes de Boumia et Timgad. Une décision qui confirme qu'à l'action de lutte, tous azimuts, menée sur le terrain dans le cadre de la lutte antiterroriste, l'état de droit est garanti par le pouvoir judiciaire dans le traitement des affaires les plus sensibles. Ali Mehira, qui n'a été durant les faits qu'un simple lieutenant de Abderrezak El-Para, a grimpé dans l'échelle des responsabilités de l'organisme terroriste, l'ex-GSPC, Groupe salafiste pour la prédication et le combat, pour devenir à partir de 2000 l'“émir” de l'une des plus importantes katibate de l'Est. Issue de l'ex-GIA, cette faction est composée d'éléments connus pour être les plus assoiffés de sang. Mais, d'après de récentes informations, Ali Mehira, aléas Abou Raouaha, aurait été destitué de la tête de sa katibat, qui compte 43 éléments. Cette décision attribuée au responsable national de l'organisme d'Al-Qaïda au pays du Maghreb islamique, Abou Mossaâb Abdelouadoud, de son vrai nom, Abdelmalek Droukdel, est survenue suite à l'échec essuyé par Mehira lors de l'exécution de l'attentat ciblant le président de la République à Batna. Selon les éléments de l'enquête, il serait le principal commanditaire local de cet attentat. C'est lui qui a chargé un terroriste venu de l'ouest du pays, Belazrag El-Houari, de l'ignoble et traître tâche de l'exécuter. Un attentat déjoué, certes, mais qui a coûté la vie a plus de 20 personnes. Né le 7 août 1978, au quartier populaire de Bouaâkal, (Batna), Abou Raouaha a rejoint le maquis de la nébuleuse au début des années 1990 en compagnie d'un nombre important de jeunes de son quartier. En 1999, il bénéficia de la main tendue et clémente de la société, dans le cadre de la Charte nationale, dans le cadre d'une mesure de grâce présidentielle. Peu de temps après, il reprendra des activités terroristes en se joignant à d'autres terroristes originaires de la région, à leur tête A. Nacer. Leur mission fut le recrutement, depuis les mosquées de la ville de Batna, de la chaire à canon pour l'“émir” national perdu dans sa fuite en avant-suicidaire. Flairant la découverte de leurs activités par les services de sécurité, le groupe rejoint les maquis. Ensemble Abou Rouaha et A. Nacer prendront part, en juillet 2003, à un faux barrage au lieu-dit El-Rabaâ, commune de Timgad. Quatre personnes furent égorgées par le groupe (deux militaires, un policier et un civil). Abou Raouaha y aurait aussi participé. Lynda Nacer/H. Tiziri