Le wali de Boumerdès juge “très grave et dangereux” la manière avec laquelle sont gérées les affaires des citoyens. Des projets mal répartis, d'autres inscrits sur la base de fausses indications, des dossiers de développement mal gérés, des programmes inscrits n'importe comment, mauvaise coordination entre les directeurs d'exécutifs, des chiffres non précis, des projets réceptionnés hideux, des responsables qui ne connaissent pas le déficit en logements ni le TOL (taux d'occupation en logements), des canevas traçant l'avenir de la wilaya établis avec beaucoup de légèreté, l'information qui ne circule pas, des daïras et des APC marginalisées, c'est le terrible constat fait par le wali de Boumerdès, M. Brahim Merah lors de la réunion du conseil exécutif tenue hier au siège de la wilaya. “C'est grave et c'est même dangereux”, a affirmé le chef de l'exécutif qui révèle que des opérations sont inscrites ici au niveau de la wilaya sans l'information des chefs de daïra ni des maires et plus grave encore, ajoutera-t-il, “dans certains cas, ce sont des entrepreneurs eux-mêmes qui inscrivent les programmes pour imposer ensuite leur candidature à les réaliser et cela sans que les daïras ni les APC le sachent” et d'avertir qu'il signerai désormais lui-même les documents concernant les prochaines opérations de programme. Le wali a amplement raison de faire de telles remarques pour des responsables qui gèrent avec une grossière légèreté les dossiers de développement qui concernent directement le devenir des populations et la vie des citoyens. Dire qu'on a besoin qu'un seul logement rural et 140 logements sociaux à réaliser au titre du plan quinquennal 2010-2014 pour une commune ou aucun forage d'eau ni retenues collinaires ni hôpital et pas de voiries communales durant la même période au niveau de toute la wilaya, c'est inadmissible et révoltant à la fois. D'autant plus que ces insanités sont inscrites sur un document officiel appelé a être transmis au ministère de l'Intérieur et celui de l'Aménagement du territoire. Et de lui dépendra le devenir des milliers de citoyens. Le directeur de l'hydraulique qui dit ne pas avoir besoin de forages pour 2010 et 2014 se contredit quelques instants après en affirmant “que si le besoin se fait sentir dans certaines régions rurales, nous allons les noyer sur les projets de l'AEP” ! C'est de l'à-peu-près. Pourtant une rubrique “forage” est prévue dans le document. Le même directeur n'a pas prévu de retenues collinaires alors que le besoin se fait sentir, notamment à l'est de la wilaya où les fellahs et les populations vivent un véritable calvaire à cause du manque d'eau. Le directeur de l'agriculture ne manquera pas de le faire savoir à son collègue de l'hydraulique en précisant que son secteur a un besoin terrible de retenues collinaires. Le directeur de la santé ne propose aucun hôpital pour le plan quinquennal 2010-2014 alors que la daïra de Boudouaou avec ses 70 000 habitants et Baghlia en ont terriblement besoin. Le même responsable propose la construction d'un hôpital à Ouled Moussa qui dépend de la daïra de Khemis El-Kechna où les travaux d'un hôpital de 120 lits viennent de démarrer. Pourquoi Ouled Moussa et non Baghlia ou Naciria “les éternelles oubliées”. Le wali ne manquera pas de demander au directeur de la santé sur quels paramètres et sur quels critères il a fait son choix. Pas de réponse. Autre absurdité, le directeur de l'environnement ne propose rien pour le prochain plan quinquennal alors que les décharges sauvages ne cessent de se multiplier. La direction de l'éducation ne voit pas la nécessité d'inscrire d'autres lycées pour 2010-2014. Les directions de transport et du commerce ne suggèrent rien pour l'horizon 2010 comme si c'est deux secteurs ne rencontrent pas de problèmes . Le directeur de la planification et celui de la santé se “bagarrent” en pleine réunion pour l'intitulé d'une opération. La chef de daïra des Issers s'est étonnée qu'aucune de ses propositions n'a été retenue dont un lycée, un marché de gros, un tribunal, des retenues collinaires. Le nouveau chef de daïra de Boudouaou se dit “surpris par les propositions et les arguments de certains directeurs”. Quant aux maires dont la plupart des proportions n'ont pas été retenues, ils sont restés assommés. M. T.