Quand les islamistes, squattant la contestation populaire, étaient à deux doigts de prendre le pouvoir pour instaurer l'Etat islamique, ces Patriotes n'avaient pas calculé, n'avaient pas hésité à prendre les armes pour défendre la République. La situation actuelle des Patriotes est un de ces paradoxes scandaleux hérités de la crise politico-sécuritaire des années quatre-vingt-dix : aujourd'hui, ils osent à peine élever la voix pour quémander leurs droits, alors que leur épique combat livré contre le terrorisme, aux côtés des forces de sécurité, les vouait légitimement au statut de héros de la nation. Quand les islamistes, squattant la contestation populaire, étaient à deux doigts de prendre le pouvoir pour instaurer l'Etat islamique, ces Patriotes n'avaient pas calculé, n'avaient pas hésité à prendre les armes pour défendre la République. Dans la précipitation dictée par l'urgence de la situation, ils avaient réussi à monter d'est en ouest du pays un large front pour contenir le tsunami islamiste. Le village d'Igoujdal était le premier à donner l'exemple. Suivront ensuite El-Mokhfi à Zbarbar, Sellami dans la Mitidja et El-Hadj Fergane à Relizane. L'engagement de ces hommes s'était fait au détriment de leurs familles, de leurs intérêts, voire de leur vie. Aujourd'hui, comme le montrent si bien nos reporters, ces Patriotes sont dans une situation de précarité sociale et psychologique absolue. Ils se sentent abandonnés, voire trahis par l'Etat dont les représentants ne jurent que par la réconciliation nationale. Ces Patriotes précisent néanmoins qu'ils ne sont pas contre la politique de réconciliation, mais une réconciliation qui les assume politiquement en tant que tels, qui consacre leur droit à la reconnaissance pour services rendus à la nation quand elle était sous la menace du péril vert. Cela doit passer impérativement par un texte de loi qui définirait le cadre de leur réinsertion et de leur prise en charge. Au moins au même titre que ceux qui ont bénéficié des dispositions de la réconciliation. C'est sans doute là la seule voie pour mettre définitivement un terme aux aléas qui pèsent sur leur sort et les soustraire à toute récupération politicienne, en prévision de la présidentielle. O. O.