Selon un bilan officiel, un jeune se suicide toutes les douze heures, des milliers s'adonnent à la drogue, participent à des soulèvements populaires et, en dépit des peines de prison lourdes qu'encourent les candidats à l'émigration clandestine, ils n'hésitent pas à retenter l'aventure au cas où ils n'arrivent pas à atteindre leur destination. Emeute, tentative de suicide, émigration clandestine… Les jeunes n'ont plus la patience d'attendre des jours meilleurs. Ils passent à l'acte en mettant en péril leur vie. Des mois après la rencontre gouvernement-walis, consacrée au dossier de la jeunesse, durant laquelle le chef de l'Etat, lui-même, a reconnu l'échec d'une politique sans âme menée envers les jeunes et dont les résultats se mesurent uniquement en termes d'établissements scolaires construits, d'élèves scolarisés et autres infrastructures aménagées, le désespoir, le désenchantement et le manque de confiance de la jeunesse en l'avenir se manifestent de manière de plus en plus violente. Selon un bilan officiel, un jeune se suicide toutes les douze heures, des milliers s'adonnent à la drogue, participent à des soulèvements populaires et, en dépit des peines de prison lourdes qu'encourent les candidats à l'émigration clandestine, n'hésitent pas à retenter l'aventure après l'échec d'une précédente. Un bilan officiel fait état de 1 500 harragas dont 1 485 nationaux pour la seule année 2007. Quatre-vingt-trois corps sans vie de candidats à l'émigration clandestine ont été repêchés depuis le 1er janvier de l'année dernière. La tendance haussière de ce phénomène se confirme de jour en jour à travers des chiffres fournis par les pouvoirs publics, mais également par des avis de recherche lancés par la famille et le témoignage des jeunes harragas qui ne cachent pas leur envie de “récidiver”. Annaba est en voie de se transformer en Mecque des candidats à l'émigration clandestine. Toutes les nuits, une embarcation de fortune, parfois, plusieurs en même temps prennent le large, poussant des familles entières à se mobiliser pour surveiller les plages connues pour être un point de départ. Ces jeunes ayant fait, parfois, l'université ne cherchent pas la mort, mais à survivre sous d'autres cieux, hors d'un pays où la richesse puisée dans les puits de pétrole nargue ostensiblement le désespoir et la détresse de la jeunesse. Adoptés comme mode d'expression et de revendication, les émeutes sont, selon les spécialistes, le prolongement du marasme social engendré par l'insécurité et les problèmes socioéconmiques dont le chômage, la crise de logement qui représentent un véritable danger pour la stabilité de la société. Surtout s'il y a effet de contagion où si ces formes “d'expression” perdurent. Cette fragilité de notre jeunesse est, par ailleurs, remarquablement exploitée par les groupes armés, transformant des jeunes en véritable bombe humaine. Le sociologue Zoubir Arous estime que les auteurs des attentats kamikazes sont les premières victimes d'un discours haineux et nihiliste tenu par les groupes armés. “Ils n'ont pas fait ce choix. Ils ont été compromis par ceux qui développent une interprétation erronée de la religion faisant d'eux des personnes désappointées et blasées qui se donnent la mort pour rien”. Le nombre d'élèves rejetés par l'école algérienne est tout aussi hallucinant. Un demi-million de déscolarisés chaque année, selon le syndicat CLA. Par de nombreux observateurs, l'école algérienne et la mosquée sont pointées du doigt et accusées d'être des usines de fabrication de potentiels terroristes. Sociologues, psychologues et universitaires analysent le choix de ces nouveaux modes d'expression des jeunes qui, à défaut d'instaurer le changement, les mènent parfois directement vers le cimetière. N. H. Lire tout le dossier en cliquant ici