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“Les investissements en Algérie pourraient fléchir”
M. Amor TAHARI, Directeur adjoint département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, à propos de la c
Publié dans Liberté le 23 - 10 - 2008

Dans cet entretien, ce responsable de l'institution financière internationale issue des accords de Bretton Woods aborde de façon succincte la genèse de la crise des subprimes, analyse l'efficacité des décisions arrêtées pour la résorber et “mesure” ses incidences sur le pays.
Liberté : Quels sont les facteurs à l'origine de la crise financière qui a secoué le monde ces derniers mois ?
Amor Tahari : De manière résumée, on peut attribuer la crise actuelle à une triple carence. L'on peut citer la carence de la réglementation et du contrôle dans les économies avancées, celle liée à la gestion du risque dans les établissements financiers privés et, enfin, celle ayant trait à des mécanismes censés discipliner le marché. Le coût relativement faible du crédit (subprime) et l'accélération de l'innovation financière dans les économies avancées ont encouragé la prise de risque, notamment dans l'immobilier aux Etats-Unis. Lorsque les prix ont cessé d'augmenter, l'ampleur des pertes, surtout sur des obligations adossées à des prêts hypothécaires à risque, a surpris les investisseurs et a déclenché une crise de confiance.
Les diverses mesures arrêtées par les pays européens et les Etats-Unis sont-elles réellement appropriées pour résorber la crise ?
L'ampleur de la crise actuelle a conduit la communauté financière internationale, y compris les Etats-Unis et les pays européens, à adopter un plan de très grande envergure pour rétablir la confiance dans les institutions et les marchés financiers, notamment en recapitalisant un bon nombre d'institutions financières. Il est prématuré d'évaluer la pleine réussite de ces initiatives, d'autant que certaines modalités de ce plan restent à préciser. Toutefois, il est attendu que ces initiatives, accompagnées d'une amélioration du cadre législatif et réglementaire et de la mise en œuvre de politiques macroéconomiques appropriées, permettront de restaurer les systèmes financiers et limiter les conséquences négatives de la crise financière pour l'économie réelle. La coordination de toutes les actions prises par les différents pays reste essentielle pour résoudre la crise. Pour sa part, le FMI se tient prêt à apporter un soutien financier aux pays qui en auraient besoin, y compris par le biais de procédures d'urgence si nécessaire.
Pour prévenir une telle crise faut-il renforcer davantage le pouvoir de régulation ?
Nous ne sommes encore qu'au début du processus qui nous permettra de tirer toutes les leçons de cette crise. Mais il est déjà possible de tirer les premiers enseignements utiles au regard de la consolidation du système bancaire et financier. Il importe d'adapter en permanence les dispositifs de réglementation et de supervision à l'évolution du secteur financier. Il faudra également une amélioration de la gestion du risque dans les établissements financiers privés. Il est essentiel que le rythme d'adaptation de ces dispositions suive celui des innovations sur les marchés financiers. Enfin, il faudra aussi veiller à l'adoption de stratégies préventives pour faire face à toute défaillance systémique. La solidité du système financier et de la situation macroéconomique de chaque pays est cruciale pour faire face à ce genre de choc.
Pensez-vous que l'Algérie soit totalement à l'abri des incidences de la crise ?
L'Algérie est dans une position favorable et le risque d'une contagion purement financière est très limité. En effet, l'économie algérienne se caractérise aujourd'hui par un endettement extérieur très faible (3,8 % du PIB) et des réserves officielles abondantes pouvant couvrir presque trois années d'importations. De plus, les lignes de crédits extérieurs représentent une proportion minime (moins de 1%) des ressources des banques algériennes. Cependant, l'économie pourrait souffrir du ralentissement de l'activité économique mondiale, et notamment en Europe. Les répercussions pourraient passer par une baisse de la demande d'hydrocarbures en Europe mais aussi par la réduction du prix international du pétrole qui pourrait en découler. La crise financière pourrait aussi conduire à une diminution du niveau déjà relativement faible des investissements directs étrangers. Il faut cependant souligner qu'il pourrait y avoir quelques effets positifs notamment sur l'inflation si les prix de certains produits importés diminuent. Il faut enfin souligner l'importance de l'intégration régionale dans les pays du Maghreb pour mieux faire face à ce genre de choc.
Entretien réalisé par : Badreddine KHRIS


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