Allant à l'encontre des efforts de l'Union africaine et de l'Union européenne visant à rétablir l'ordre constitutionnel en Mauritanie, le président sénégalais Abdoulaye Wade s'est désolidarisé des sanctions contre le junte militaire au pouvoir à Nouakchott. Le chef de l'Etat sénégalais s'oppose à des sanctions internationales contre la Mauritanie visant à obliger les auteurs du putsch du mois d'août à rétablir dans ses fonctions le président élu du pays. “Moi, je ne suis pas d'accord sur les sanctions”, a déclaré Abdoulaye Wade, tout en indiquant que le Sénégal désapprouvait le renversement du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, intervenu le 6 août dernier par une junte militaire. Voilà une position qui va à l'encontre des efforts de l'Union africaine, de l'Union européenne et des Etats-Unis pour accroître la pression sur les officiers mauritaniens qui ont pris le pouvoir à Nouakchott. Et de surcroît venant de la part d'un chef d'Etat très proche des Occidentaux, notamment de l'UE et de la France. On rappelle que la semaine dernière, Washington a imposé des restrictions aux déplacements de membres de la junte et que Bruxelles, qui avait déjà suspendu son aide non humanitaire, a donné un mois aux putschistes pour libérer et rétablir dans ses fonctions le président Abdallahi sous peine d'autres sanctions, celles là plus lourdes pour la Mauritanie qui dépend de l'assistance européenne. L'UA a également adressé un avertissement analogue aux putschistes mauritaniens, les exhortant à respecter la légalité ! Wade, qui a tenté des médiations personnelles dans des conflits africains, a dit préférer cette formule, donner le temps aux militaires mauritaniens de revenir à la raison dès lors, selon sa propre formule, les sanctions n'atteignent jamais les dirigeants ni leurs familles. Ce sont les peuples qu'on sanctionne, a-t-il dit. En effet, un embargo alimentaire ne frappera que les populations démunies. Wade est même prêt à absoudre le coup d'Etat puisque, toujours selon lui, les militaires ont maintenu le Parlement, ses deux chambres : l'Assemblée nationale et le Sénat auxquels il faut leur demander leur avis. C'est là un avis d'un juriste, Wade étant de formation avocat. Il n'en demeure pas moins qu'il devient le second allié des putschistes mauritaniens après le roi du Maroc. En effet, jusque-là, seul Mohammed VI s'était singularisé en apportant son soutien au régime militaire, qui a renversé le président élu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, à travers une lettre de condoléances au lendemain d'un attentat terroriste dans ce pays. Le chef des putschistes mauritaniens, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien chef de la garde présidentielle, a, quant à lui, rejeté de nouveau les appels de l'UA et de l'UE au rétablissement d'Abadallahi en repoussant toute ingérence étrangère dans les affaires de son pays. D. Bouatta