La capitale algérienne abrite, depuis hier, le premier Congrès international panarabe de médecine militaire (CIPMM), qui s'achèvera le 30 octobre prochain. Cette importante manifestation est placée sous le haut patronage du président Bouteflika et sous l'égide du Comité international de médecine militaire (CIMM), dont l'Algérie est membre. “L'objectif de ce congrès est la création officielle d'un groupe panarabe de médecine militaire”, a révélé le professeur Jacques Sanabria, actuel secrétaire général du CIMM, lors d'un point de presse. Ce dernier a également expliqué que la construction d'une telle zone obéit au principe de “la mise sur pied de groupes régionaux”, défendu au sein même du CIMM par des pays membres qui partagent “un certain nombre de points communs”. Un principe impliquant, selon lui, le renforcement des groupes de travail régionaux déjà existants, qui ne sauraient se substituer aux gouvernements “qui ont le dernier mot”, mais qui se justifieraient cependant, par le contexte de “mondialisation des interventions des forces militaires”, sur les plans sanitaire et humanitaire. Le docteur Mohamed Kamel Chebbi, représentant de la délégation tunisienne, pour sa part, s'est félicité de la rencontre d'Alger et du rôle joué par notre pays pour la tenue du 1er congrès panarabe de médecine militaire. M. Chebbi, dont le pays a présidé la dernière réunion du CIMM (en 2007), a en outre insisté sur le fait que les assises d'Alger permettront aux représentants des pays arabes d'échanger leurs expériences en matière médico-militaire et aborderont des “recherches scientifiques de haut niveau”. Il a aussi annoncé que “deux réunions” se tiendront en marge des travaux du congrès : une rencontre des présidents de délégation du groupe de travail arabe et celle des présidents de délégation du groupe de travail maghrébin. Côté algérien, le colonel Mohamed Berchiche, président du comité d'organisation du 1er CIPMM, est allé dans le même sens que les premiers intervenants. Il a néanmoins précisé que la tenue de congrès et surtout l'officialisation du comité régional panarabe, permettront aux médecins militaires d'intervenir, non seulement sur leur propre territoire, mais également à l'échelle internationale. M. Berchiche rappellera, dans ce cadre, que des médecins de certains pays arabes l'ont déjà fait, signalant ainsi le cas de la Jordanie, de l'Arabie Saoudite, de la Tunisie et du Maroc. “Nous souhaitons que les médecins algériens interviennent de même”, a-t-il souligné, en ajoutant plus loin : “La santé militaire peut être l'ambassadrice de l'Algérie.” Quant au général Abdelkader Bendjellil, il a confié à Liberté que le groupe panarabe constituera un espace “pour parler de nos problèmes et mener des actions communes dans ce sens”, citant notamment la sécheresse et les tremblements de terre, ainsi que les maladies comme le sida et le paludisme. Il faut savoir que le 1er CIPMM comporte un programme scientifique fort riche. Pendant quatre jours, les experts des pays arabes débattront, en plénière et autour des tables rondes, de l'expérience dans le traitement médico-chirurgical et de “la prise en charge des blessés liés au terrorisme”, des pathologies mentales, cardiovasculaires et dentaires en milieu militaire, de l'organisation des secours, ainsi que de la prise en charge des populations, lors “des séismes et des catastrophes majeures”. Des échanges sont, par ailleurs, prévus dans le domaine de la médecine aéronautique, de l'expertise médicale des personnels navigants, de la médecine navale et de la prise en charge des accidents de plongée. Des “communications libres” sont aussi attendues et porteront sur différents thèmes, en particulier sur les changements climatiques et les zoonoses à transmission, les maladies professionnelles au sein de la Gendarmerie nationale, la question de la désinfection de l'eau et des facteurs de risques des “épidermophyties” chez les militaires. En marge des travaux, deux réunions des chefs de délégation ont été programmées, l'une pour hier après-midi et l'autre pour le 29 octobre. Repères Le Comité international de médecine militaire (CIMM) a été créé après la Première Guerre mondiale, plus exactement en 1921, pour permettre la concrétisation d'“une coopération entre les services de santé des forces armées, en vue d'améliorer le soulagement des souffrances des malades et blessés”, aussi bien en temps de guerre qu'en temps de paix. Cette organisation mondiale, qui a son siège à Bruxelles, est l'équivalent de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sauf que celle-ci émane des civils. Actuellement, le CIMM regroupe quelque 105 pays, dont les pays maghrébins, représentés par un délégué officiel. L'ensemble des délégués forme l'assemblée générale, “organe souverain du CIMM”, qui se réunit ordinairement une fois chaque année. D'après les membres du comité d'organisation du 1er congrès d'Alger, le comité régional panarabe sera composé de 18 pays, dont les pays du Maghreb. Il serait mieux écouté et aurait un impact dans les décisions qui seront désormais prises à l'échelle planétaire. Hafida Ameyar