Le comité devrait se spécialiser dans l'empreinte génétique et la médecine des catastrophes pour intervenir en cas de cataclysme touchant un pays arabe. TTrès longtemps méconnue voire inexploitée, la médecine légale tente d'occuper la place qui lui revient de droit dans la société. La décennie noire, les nombreuses catastrophes naturelles et la montée en flèche de la criminalité en Algérie ont levé le voile sur l'importance et le rôle capital du médecin légiste. Un médecin dont la mission est loin d'être liée seulement au constat d'un décès mais dont l'expertise peut être capitale pour l'avenir d'un innocent incriminé dans une affaire de meurtre. C'est justement pour faire connaître l'importance de ce créneau que la Société algérienne de médecine légale a organisé hier à l'hôtel Hilton un colloque international regroupant la 10e journée médico-judiciaire, la 4e Conférence internationale de médecine légale des pays islamiques et la 5e réunion de l'Union arabe de médecine légale. Ce colloque, qui a lieu sous le haut patronage du président Bouteflika, a réuni plusieurs médecins légistes du monde arabe – musulman et des spécialistes américains, norvégiens et allemands. L'objectif est de débattre des meilleurs moyens à même de donner un second souffle à cette médecine et d'asseoir une stratégie arabe. Pour ce faire, plusieurs communications ayant trait à ce thème étaient au programme des travaux de cette rencontre internationale. Les sciences de l'empreinte génétique dans le domaine de la recherche médicale ; les techniques de gestion des scènes de crime, la violence contre les femmes et les enfants ; les fléaux sociaux… sont autant de thèmes abordés d'une manière très scientifique que seuls les nombreux médecins présents ont pu décrypter. Mais ce qui ressort de cette manifestation internationale est que la médecine légale doit être développée davantage, et que les pays arabes doivent unir leurs efforts et échanger les points de vue et les expériences pour parvenir à des stratégies arabes communes. Ceci passe inévitablement, estiment les participants, par la mise en place d'un comité spécialisé dans l'empreinte génétique et la médecine des catastrophes naturelles pour pouvoir intervenir en cas de cataclysmes touchant l'un des pays arabes et islamiques. Il faut rappeler à ce propos qu'au mois de mai 2008 le défunt DGSN avait annoncé l'intention des pouvoirs publics d'élaborer un fichier national génétique qui comptera en premier lieu la population carcérale et les récidivistes. Selon M. Benakmoun du laboratoire du département de la Police scientifique rencontré en marge du colloque, “cette démarche est au stade de projet. Sa concrétisation nous aidera dans les différentes enquêtes dans la mesure où on y gagnera dans les étapes et dans le temps”. L'intervention de ce laboratoire et le recours à l'identification par ADN va aider énormément les enquêteurs à résoudre un nombre important d'affaires criminelles. “Nous utilisons les techniques universelles pour incriminer ou innocenter un suspect grâce à la pertinence des traces retrouvées sur la scène du crime ou autre”, explique M. Benakmoun. Pour revenir aux recommandations, la seconde conclusion des médecins légistes est de développer la recherche scientifique dans le domaine de la médecine légale et échanger les résultats. Les participants ont aussi plaidé pour la création de comités scientifiques arabes pour traiter les fléaux sociaux. Ouvrant les travaux de ce colloque scientifique, le président de la Société algérienne de médecine légale, dira que la coordination entre les enquêteurs de la Police scientifique et les médecins légistes consacre le principe des droits de l'Homme. “Ceci en raison du fait que les analyses ADN et l'expertise médicolégale aboutissent à des preuves tangibles dans des affaires criminelles”, ajoute M. Bessaha.