Diego Maradona, 48 ans, ancien numéro 10 de légende, capitaine de l'Argentine championne du monde 1986, a été nommé sélectionneur argentin, en remplacement d'Alfio Basile, démissionnaire, a annoncé mardi la fédération argentine de football (AFA). “Je veux travailler avec Diego, qui sera le nouveau directeur technique de la sélection”, a déclaré l'ancien sélectionneur argentin Carlos Bilardo, au terme d'une réunion avec le président de l'AFA, Julio Grondona. Bilardo a précisé que Pedro Troglio serait l'adjoint de Maradona et que lui-même occuperait une fonction de directeur général. “Au cours des discussions, il a été dit clairement que je formerai l'équipe”, a indiqué Maradona peu après, confirmant sa nomination. Durant l'après-midi, les médias argentins avaient fait état de tractations visant à établir une possible direction technique collégiale. En appelant Diego Maradona, dieu vivant dans son pays, au chevet de sa sélection sans âme, l'Argentine a choisi de faire de nouveau de son plus beau génie, créateur à la gloire déchue, un temps obèse, drogué et alcoolique, son sauveur pour retrouver les sommets. Car en dépit de tous ses excès, Diego Armando Maradona, né en 1960 à Buenos Aires, restera pour toujours le “diez”, le numéro dix, capable de marquer les plus beaux buts de l'histoire du football à l'instar du roi Pelé, finalement son seul rival. Ange ou démon ? La polémique n'a jamais cessé. Sans doute est-il tout simplement un “gamin en or” (“Pibe de oro”), issu des quartiers pauvres, tombé dans le chaudron de la Bombonera, le stade du club Boca Juniors, quand il était petit, et qui n'a plus jamais voulu grandir. Parmi les milliers de photos accompagnant la gloire puis la déchéance de Maradona, deux images résument sa vie. La première remonte à 1986, un soir de finale de Coupe du monde, dans le mythique stade Aztèque de Mexico, où Maradona n'est qu'un immense sourire en brandissant le trophée mondial. Il est au sommet de son art. Son but inscrit de la main contre les Anglais en quarts de finale a fait hurler de joie tout un peuple qui a accepté l'explication improvisée et géniale de Maradona : “la main de Dieu”. Mais les fans de football se repasseront inlassablement son deuxième but contre ces mêmes Anglais, un chef-d'oeuvre d'intuition et de talent pur. “J'avais envie de m'arrêter de jouer pour le regarder”, avoue son équipier Jorge Valdano. Le second cliché date du 26 avril 1991. Beaucoup moins glorieux. Hirsute, bouffi, mal rasé, l'œil éteint, Maradona sort de son domicile de Buenos Aires entouré de deux policiers venus l'arrêter pour détention et consommation de cocaïne. Il a perdu sa superbe. C'est le début de la déchéance, des déclarations tapageuses, des outrances de tous ordres, des retours au premier plan soigneusement orchestrés par un entourage de requins. Les cures de désintoxication vont désormais alterner avec les rechutes. Après avoir goûté à la drogue dans le barrio Chino de Barcelone au début des années 1980, son accoutumance n'a pas faibli pendant les années de gloire à Naples. Le football l'a fait roi, mais Maradona a payé cher cette gloire qu'il n'a jamais apprivoisée. Sali par les scandales, sous le coup d'une suspension de deux ans pour un nouveau contrôle positif, il quitte officiellement le monde du football, à 37 ans, le jour de son anniversaire. Loin des stades, la déchéance va s'accélérer En 2000, il est hospitalisé à Punta del Este, célèbre station balnéaire d'Uruguay, pour une crise cardiaque liée à la drogue. Il s'en sort et part à Cuba en désintoxication. Quatre ans d'allers et retours entre l'Argentine et sa seconde patrie ne réussiront pas à le guérir durablement de sa dépendance à la cocaïne. En 2004, il frôle la mort après un accident cardiovasculaire à l'issue duquel il repart à La Havane. L'année suivante, il subit à Bogota une opération chirurgicale destinée à réduire la capacité d'absorption de son estomac, ce qui lui permet de perdre près de 50 kilos. L'Argentine veut à nouveau y croire. Fin 2005, charmeur et en forme, il bat des records d'audience avec son émission télévisée “la Nuit du 10” où il invite notamment son grand rival Pelé. Pourtant, Diego se met à boire, grossit, fume et rechute dans une crise hépathique qui le ramène à l'hôpital début 2007. Une fois encore, il s'en sort. Et alors que “son” équipe d'Argentine balbutie son football dans les éliminatoires de la Coupe du monde 2010, le sélectionneur Alfio Basile décide de jeter l'éponge. L'occasion est trop belle pour Maradona, et l'Argentine du football se voit mal éconduire son plus adulé prétendant. Une nouvelle fois, l'Albiceleste remet son avenir entre les mains de son dieu.