L'icône du football algérien des années de gloire, Lakhdar Belloumi, a accueilli avec “beaucoup d'enthousiasme” la nomination de la légende argentine Diego Armando Maradona à la tête de la sélection Albiceleste. “C'est une bonne nouvelle pour le jeu, le football et tous ceux qui aiment le vrai football”, commente ainsi Lakhdar Belloumi, adepte, comme il le revendique ouvertement, du retour du football aux footballeurs. “C'est beaucoup plus la vox populi qui a installé Maradona dans ses nouvelles fonctions de sélectionneur de l'Argentine. C'est que toute la nation argentine n'a pas oublié tous les services qu'il lui a rendus en tant que joueur. C'est une sorte de promotion, de récompense pour tous les honneurs qu'il a apportés à sa sélection, à sa patrie et à son peuple”, estime l'ex-international, et de mettre en exergue “la grande confiance qu'a l'Argentine du football en son enfant prodige, qui, en dépit de ses quelques excès hors des terrain, reconnaît en lui le spécialiste et l'expert qui peut rendre encore d'énormes services à la sélection”. “Avec sa très riche carrière, sa longue expérience et sa vision du football, Maradona va beaucoup apporter à sa sélection. Et puis, ce n'est pas à lui de former les joueurs ou de leur apprendre à contrôler la balle. Il aura sous sa coupe tout un staff élargi de professionnels qui s'occuperont de la préparation physique, des gardiens de but et de certaines considérations tactiques. Avec son feeling, il lui restera surtout à composer la sélection et à orienter sa façon de jouer. Et puis, avec Maradona à sa tête, l'équipe d'Argentine se sentira encore plus forte, ne serait-ce que psychologiquement parlant, et abordera donc les importants matches qui lui restent dans les éliminatoires de la zone Am-Sud avec une plus grande confiance”, note également le Ballon d'Or africain 1981. La nomination d'El Pibe de Oro n'a, par ailleurs, pas empêché Lakhdar Belloumi de faire la parallèle avec ce qui “se passe en Algérie”. “Lorsqu'on voit une grande nation du football mondial faire confiance à l'un de ses anciens alors qu'il n'a pas beaucoup entraîné par le passé, j'ai vraiment mal au cœur en parlant de ce qui se passe chez nous”, tance ainsi l'actuel entraîneur du Ghali de Mascara qui estime qu'“en Algérie, les joueurs qui ont le plus servi la cause nationale ne reçoivent jamais les honneurs qu'ils méritent”. “C'est le grand point noir du paysage footballistique national. La preuve, aucun de ceux qui ont marqué ma génération n'ont mérité une telle confiance. Pire, on n'a fait appel à nous que dans les moments très difficiles, lorsque l'EN est condamnée ou déjà éliminée. Comme ce fut le cas avec notre passage, Fergani et moi. Nous n'étions plus des joueurs capables de faire la différence sur le terrain. Nous étions de l'autre côté de la barrière. C'était, soit cela, soit on ne vous accorde jamais le temps nécessaire pour réussir votre travail, comme cela a été fait à Madjer et à Bensaoula. Vous voyez, nous n'avons été que quatre de toute une génération qui a tout donné et qui a apporté beaucoup de joie et de bonheur au peuple algérien”, regrette Belloumi, non sans prendre en exemple “l'école allemande”. “Le modèle, c'est l'Allemagne. Voyez Jurgen Klinsmann. En échouant en demi-finale de la Coupe du monde 2006 qu'organisait pourtant l'Allemagne, il n'a été ni limogé, ni critiqué, ni encore moins banni par son pays ou les dirigeants de sa fédération. Au contraire, pour le très bon boulot qu'il a effectué, il a été nommé entraîneur au prestigieux Bayern de Munich où les anciens joueurs bénéficient d'un rang et d'un statut tout particulier. En Algérie, cela ne serait jamais arrivé, ni à lui ni même à Maradona qui reste à mes yeux comme le deuxième plus grand joueur de tous les temps derrière Pelé”, argumente Belloumi qui ne cache aucunement sa colère envers “ceux qui ont fermé les portes de l'EN” aux anciens footballeurs de sa génération. “Pourtant, cette école allemande, avec tout son prestige et son histoire, on l'a bel et bien battue, non !” peste, en s'interrogeant, l'inoubliable meneur de jeu des Verts, vite dépourvu de cette “colère passagère” dès lors qu'il s'est remémoré ce 9 août 1982 au Giant Stadium de New York, lorsqu'il avait joué et marqué pour la sélection des stars du reste du monde qui comportait en son sein un certain Diego Armando Maradona, justement. “Nous ne sommes pas restés ensemble beaucoup de temps. Et puis, il n'était pas encore cette immense star planétaire. Je me rappelle qu'il est venu rapidement pour s'excuser, dans le vestiaire, de ne pouvoir rester plus longtemps. Je pense qu'il était pressé. D'ailleurs, il a rapidement quitté le stade”, se remémore encore l'éditorialiste de Liberté Foot. A. Karim