Le Brésil a vécu une situation économique aussi difficile que l'Algérie, mais les entrepreneurs brésiliens ont réussi à donner un nouveau souffle à leurs entités économiques. L'approche Nucleus, mise en œuvre en 1991, au Brésil, à la faveur d'un partenariat entre la Chambre allemande des métiers et petites industries de Munich et les Associations de commerce et d'industrie du sud du Brésil, a été au centre des débats d'une rencontre régionale tenue dernièrement à l'hôtel Chréa de Béjaïa à laquelle ont pris part, outre un groupe d'entrepreneurs algériens, les directeurs des Chambres d'artisanat et de métiers (CAM) de Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Jijel, Mila, Béjaïa et Bouira, les présidents des Chambres de commerce et d'industrie (CCI) de la même région, ainsi que certains représentants des organismes d'accompagnement, dont l'Ansej, l'Angem, la Cnac… Lors de son allocution d'ouverture des travaux de cette rencontre, le directeur de la CAM de Béjaïa et Bouira, M. Zoulim Nour, a tenu à préciser que “le réseau d'entrepreneurs Nucleus a déjà une année d'existence en Algérie. C'était grâce à une dynamique de partenariat entre les 14 CAM et CCI algériennes et la coopération technique allemande (composante 4, appui aux associations professionnelles et organisations patronales, du programme de développement économique durable – Deved-GTZ) que ce projet a pu voir le jour en Algérie. Il a permis, à ce jour, la création de 126 Nuclei, regroupant quelque 1 200 entrepreneurs dans trois régions-pilotes (est, ouest et centre).” Pour sa part, M. Sadou, expert auprès de GTZ, “Nucleus est un espace de rencontre, de réflexion et d'échange d'expériences et de know-how entre entrepreneurs d'un même secteur d'activité ou d'une même localité. Cette forme d'organisation, qui a déjà donné des résultats probants à travers plusieurs pays en voie de développement, vise à réaliser la mise à niveau des petites et moyennes entreprises (PME) et renforcer leur compétitivité”. La deuxième séance de travail de cette rencontre a été consacrée à une conférence-débat avec le Dr José Maria Melim, un consultant brésilien, autour du thème “Les petites entreprises et leur rôle dans la construction du capital social”. “Le Brésil a vécu une situation économique aussi difficile que l'Algérie. Mais grâce à l'approche Nucleus, les entrepreneurs brésiliens ont réussi à donner un nouveau souffle à leurs entités économiques”, dira d'emblée le conférencier qui expliquera ensuite “l'apport de l'approche Nucleus dans la formation du capital social”. Selon lui, “le capital social se forme lentement par le renforcement des relations entre les personnes et s'amplifie avec le temps. Tel un investissement financier, plus d'apports sont faits, plus de capital est accumulé”. Comment développer plus de capital social afin de fortifier les Nuclei ? Pour le consultant brésilien, “les membres d'un Nuclei doivent participer activement aux réunions et aux activités des Nuclei, contribuer avec des idées, chercher le renforcement personnel et professionnel du groupe et s'échanger des expériences techniques et de gestion”. Concernant les conditions de réussite d'un Nucleus, l'orateur estimera que “la clé de réussite d'un Nucleus réside dans l'appui de la Chambre à laquelle celui-ci est affilié, la fréquence et la participation des entrepreneurs à des réunions, la crédibilité que les entrepreneurs retransmettent aux collègues, l'esprit d'équipe qui se crée entre les entrepreneurs et, enfin, la volonté des entrepreneurs participants au Nucleus de collaborer et de grandir ensemble”. Revenant sur les causes des gros pourcentages des taux de mortalité des petites entreprises, le Dr José Maria Melim dira : “Les principales causes de la mortalité des petites entreprises sont la gestion défaillante, le manque de formation de l'entrepreneur, l'absence d'esprit entrepreneurial chez l'entrepreneur, l'utilisation de technologies dépassées, la baisse de la qualité des produits et services, la méconnaissance du marché local, le petit capital initial, le manque de politique publique adéquate, l'absence d'appui systématique des associations et syndicats, la bureaucratie de la part des institutions publiques, la difficulté pour accéder aux financements...” KAMEL OUHNIA