Les alentours de la Badr de Collo nous offrent, presque quotidiennement, une image désolante qu'on croyait révolue avec la disparition des Souks El-Fellah. En effet, dès le levé du jour, des centaines d'anciens émigrés en retraite, détenteurs de comptes type CDNRA, venant de tout le massif de Collo, se pointent devant son siège, au centre-ville de Collo, pour y retirer leur pension. La foule est très nombreuse. Ils viennent de tout le massif de Collo, des communes de Kanouaà, Ouled Attia, Zitouna, Khenak Mayoun, Oued Z'hor, Chéraïa, Béni ZId… occupant même les routes adjacentes, créant ainsi un véritable brouhaha qui ne cesse d'incommoder le voisinage de ce quartier de la ville réputée calme. Cette cacophonie dure depuis une dizaine d'années sans que les concernés trouvent de solutions pour mettre un terme à cette situation des retraités de France qui, dès le versement de leur pension, se ruent vers la Badr pour retirer leur argent. Ammi Ahmed, un octogénaire, peine à se tenir debout ce dimanche pour faire le pied de grue dès l'aube. Cette corvée, il l'a vit depuis une décennie. Cette situation est, néanmoins, vécue dans le calme car, nous dira un autre client : “De toute façon, on s'y est habitués” Effectivement, en dépit des longues heures d'attente, ces retraités ne se plaignent pas ouvertement. Tout le monde respecte son tour et on tue le temps à se remémorer les années passées, à se raconter des histoires drôles, à parler de la flambée des prix et surtout à négocier avec les cambistes le prix du change au parallèle. Outre les détenteurs de comptes bancaires, les alentours de la banque sont également squattés par ces marchands de devises. Grandes liasses de billets de 1 000 DA à la main et guettant toute personne sortant de la banque, tout cela en pleine rue au vu et au su de tout le monde. Par ailleurs, presque chaque cambiste dispose d'un certain nombre de clients fidèles qui lui remettent la totalité de la somme en échange de dinars. Pour faire respecter l'ordre parmi les clients de la banque, la police est omniprésente, mais n'intervient que rarement et généralement lorsque les autres clients de cette banque n'arrivent pas à bénéficier d'une prestation pour cause d'embouteillage devant la porte. Cette banque, qui compte presque 10 000 comptes CDNRA, le plus grand nombre des agences de la wilaya, est foncièrement incapable de satisfaire cette clientèle en matière de prestations de services, d'autant que le rush dure une quinzaine de jours après le versement des pensions. Durant toute la période des paiements, toutes les autres prestations sont complètement paralysées, nous indiquera le directeur de cette banque. En effet, outre l'exiguïté des lieux, seulement deux guichets sont ouverts, un personnel insuffisant, des conditions de travail pénibles et, en sus, une bâtisse soumise à l'infiltration des eaux de pluie. Un employé de cette banque nous dira que le nombre d'ouvertures de ce type de comptes est en augmentation constante et la banque ne peut se permettre de limiter ces comptes car ils influencent directement sur la balance de paiement. Des démarches ont été prises pour l'obtention d'un terrain d'assiette pour la construction d'une agence plus spacieuse pour améliorer les prestations, le terrain a été choisi mais il se heurte à une opposition de la Such que les cadres de cette banque considèrent comme injustifiée. Qui a dit que la Banque est la pierre angulaire du développement économique de toute région ? A. Boukarine