Alger est en perte de ses repères qui en mettaient autrefois plein les yeux à l'excursionniste et charmaient l'âme du promeneur. C'est l'extinction d'un condensé d'opulence que les buralistes mettaient autrefois en valeur dans leurs présentoirs. Non, cela n'émeut plus personne, quand bien même la perte d'un label de la magnificence d'une ville s'en ressent telle une maison vide, sinon abandonnée. De cet acte irrévérencieux, il est malaisé de faire l'épreuve du deuil d'une œuvre considérable et digne de durer dans le temps. C'est l'ouvrage même qui faisait jadis des clairs-obscurs au monument aux morts qui dominait la splendeur de l'ancien parc Laferrière d'Alger. Alors et pareil au jeu où les participants brûlent à l'approche de l'objet caché, on n'en arrive à notre sujet pour se lamenter sur la perte de l'horloge florale du contemporain jardin d'Ouamrane qu'empiète de sa somptuosité verdoyante l'avenue du docteur Chérif-Saâdane (ex-Berthezene) à celle de Pasteur. En ce lieu-ci, devant l'harmonie façonnée dans le métal du portillon de l'accès, il y a jusqu'à présent l'empreinte de l'outrage perpétré à l'encontre de l'horloge florale. La beauté même que l'on assure telle “la deuxième au monde en beauté et en précision”, selon le journal l'Echo d'Alger en son édition du mercredi le 29 janvier 1958. Et visible comme le nez au milieu de la figure, la disparition des aiguilles est tel un acte de vandalisme contre la flore ! C'est en tout cas l'impression qui s'exhale de ses fleurs, entretenues autour des chiffres, devenues depuis orphelines de leurs aiguillonnes d'horloge. Pleure Alger ! Nazim Djebahi