Difficile d'imaginer qu'à l'autre bout du magasin de prêt-à-porter, se dissimulent derrière le paravent et les sunlights, les ruines de l'antre du septième art qui est la proie des ténèbres et de l'obscurantisme. Triste image que celle qui s'offre de nos jours au promeneur qui erre à ses heures perdues sur l'avenue baptisée du nom de Larbi Ben-M'hidi, où le virus de la… cécité qu'ont inoculé d'obscures têtes prétendument pensantes a éborgné l'enfilade d'enseignes de prestigieuses salles de cinéma. En effet, et pour l'habitué des lieux, il doit… ciller des yeux pour y repérer l'empreinte du cinéma Le Régent, ou ce qu'il en reste. En effet, difficile donc de s'y retrouver dans le lot d'échoppes de… “frous-frous”, dont l'une parmi l'enchaînement de boutiques récemment ouvertes, a remplacé par on ne sait quel tour de… passe-passe, le hideux rideau qui condamnait l'entrée au hall du Régent. En ce sens, c'est la seconde… mort d'une salle de cinéma “condamnée” par l'ignorance et “exécutée” sur le billot de l'échafaud de la fadaise. S'il en est, c'est l'estocade où plutôt le coup de grâce asséné après l'extinction du rai de lumière de la cabine de projection sur l'“écran noir des nuits blanches d'Alger”. Comment on est-on arrivé là ? Nul ne le sait ! Pas même le vice-président, chargé de l'éducation et de la culture auprès de l'APC d'Alger-Centre, N. Boudiaf qui déclara ceci : “S'il est aisé de régir la conduite des chantiers en cours de salles de cinéma, dont Echabab (ex-Casino) et le Debussy pour lesquelles la municipalité s'est investie, en revanche, il est malaisé de tenter quoi que ce soit pour la mise en valeur du lot de salles de spectacles laissées en désuétude. Au motif que l'effort pécuniaire que requiert l'embellissement de ce patrimoine est un moindre mal, comparé aux difficultés d'identification d'un parc de salles de cinéma, dont la situation juridique prête à confusion. Ceci étant, c'est l'écueil sur lequel se heurte en ce moment l'action de l'exécutif municipal”. Plus en est, le cas de moult disparitions de propriétaires légitimes a engendré l'“écheveau” inextricable d'une “cascade” de contentieux entre héritiers, qui doit interpeller si besoin était, la médiation des pouvoirs publics. Effectivement, et laissée toute seule sur le terrain, la municipalité est en deçà de la capacité de venir à bout d'une œuvre qui requiert une attention multisectorielle. Autrement, il y a lieu de s'inspirer de ce qui s'est fait sous le ciel de l'Hexagone, lorsque s'est imposé l'impératif de sauvegarder la mythique salle de l'Olympia de Paris. Oui ! Il suffit de peu pour redonner vie au hall du Régent, où il était collé autrefois les affiches de films d'intrigues politiques qui attiraient un public… éclairé et avide d'un brin de démocratie. En ce temps-là, l'“intello” allait à la découverte d'épisodes-sagas fomentés du côté de la Péninsule italienne, notamment l'œuvre de légende intitulé : “Confession d'un commissaire de police au procureur de la République” qu'interprétait en ce temps-là, l'anonyme Franco Néro qui brilla de mille feux à ses débuts dans le tout premier Django du Far West spaghetti. Autres temps, autres mœurs, où Bled Sidi-Abderrahmane s'enorgueillissait d'esthétiques salles de cinéma qu'il est difficile de reconstruire à l'identique.