Sans être catégorique, le président du Front national algérien (FNA) Moussa Touati a soutenu que les députés de sa formation politique voteront contre le projet de révision constitutionnelle, qui sera soumis prochainement à l'approbation des parlementaires des deux chambres. “Ce serait une incongruité que nos députés votent en faveur du texte portant révision constitutionnelle, alors que le parti milite pour la nécessité de le faire passer par la voie référendaire”, affirme Moussa Touati, lors d'une conférence animée au siège national de son parti. “Il ne faut pas brûler les étapes. Le Conseil constitutionnel ne s'est pas encore prononcé sur la question. Nous attendons de connaître le contenu de cette révision pour se positionner définitivement”, assure-t-il. Sur cette question de révision constitutionnelle, le président du FNA donne l'air de ne pas trop savoir sur quel pied danser. S'il reconnaît au président de la République le droit de faire des amendements constitutionnels comme le stipule l'article 176 de la loi fondamentale, il ne soutient pas moins que “quelle que soit la portée de la révision, elle doit être soumise à un référendum”. D'une part, il s'est dit contre la levée de la mesure limitant les mandats présidentiels à deux. “C'est moi-même qui ai proposé à Liamine Zeroual l'article portant sur la limitation des mandats présidentiels. Je ne peux pas m'inscrire contre mes propres propositions”, explique-t-il avant d'enfiler le costume de l'opposant à Bouteflika en soutenant : “On n'attend pas la fin d'un mandat pour décider de changer la Constitution.” “Tous les grands pays ont limité à deux les mandats présidentiels. Les présidences à vie, ça ne marche plus”, peste-t-il encore. D'autre part, il affirme qu'il n'est pas contre le troisième mandat de Bouteflika qui, à ses yeux, ne pose pas vraiment problème. Ce qui le gêne, lui, c'est le modus operandi. En outre, à entendre Moussa Touati, ce n'est pas Bouteflika qui souhaite un troisième mandat, mais ce sont “des groupes d'intérêts économiques” qui le veulent vaille que vaille. Mais compte-t-il toujours participer à l'élection présidentielle d'avril 2009 ? “Nous, nous ne boycottons pas. Nous participons à toutes les élections. Le FNA ne fait pas de l'opposition pour l'opposition”, s'exclame-t-il. Et d'ajouter : “Même si la Constitution est adoptée par la voie parlementaire, nous participerons à l'élection présidentielle car notre congrès a tranché la question.” Lui qui dit que son parti est la plus grande victime de la fraude électorale, qui a émaillé les élections législatives de mai 2007, demandera-t-il des garanties avant de se lancer dans la course ? “Le problème est en nous. Etant mal structurés, nous n'avions pas su surveiller nos voix. Nous comptons sur nos militants pour contrôler les élections”, rétorque-t-il. Arab CHIH