Les espaces forestiers couvrent environ 35,305 ha, soit environ 10%de la superficie territoriale de la wilaya de Mila. Modeste qu'il est, ce patrimoine végétal demeure loin de refléter l'image de “wilaya verte” que les autorités veulent donner à la région et ne répond aucunement aux exigences de protection du bassin de Beni Haroun, immense plan d'eau localisée dans un site d'une nudité de regs. Pourtant, cette situation ne semble pas préoccuper outre mesure les responsables des différents secteurs concernés, ceux des services des forêts et de l'environnement tout particulièrement. Plus sensibles à cette lacune, les observateurs et autres spécialistes du domaine ont, depuis longtemps, mis en garde contre les risques inhérents à cette situation. Considérant l'immensité des espaces découverts (90% de la surface de la wilaya), l'hostilité des reliefs au nord notamment et l'incivisme des riverains, ceux-ci qualifient situation d'extrêmement dangereuses non seulement pour le barrage de Beni Haroun, devenu, de par son importance et sa fonction, la préoccupation n°1 de tout un chacun, mais pour toute la région. Et cette opinion, alarmante en apparence, vient d'être confortée par un consistant rapport de la commission de l'agriculture, de l'hydraulique et des forêts de l'APW de Mila. Lequel rapport est sans équivoque : la wilaya accuse bel et bien un énorme déficit en matière d'espaces forestiers. Pour atteindre un semblant d'équilibre écologique et biologique dans la région, il faut porter au double le patrimoine existant, estiment les rédacteurs du document en question. Autrement dit, il va falloir reboiser encore quelque 35 000 hectares, c'est-à-dire autant que tout ce qui a été réalisé depuis l'indépendance. La situation est donc sérieuse. Car quand des conclusions aussi inquiétantes émanent d'une partie responsable, on ne peut que crier au désastre, surtout si l'on sait que les travaux de reboisement s'apparentent, ces dernières années, à une vraie sinécure. En effet, selon les termes du rapport en référence les années 2005, 2006 et 2008 n'ont connu, en tout et pour tout que la plantation de 4 230 ha, toutes essences confondues, soit un peu plus d'un millier d'hectares par an. Cela revient à dire qu'à ce rythme, sauf prodige de dernière minute, on devra patienter encore 35 ans avant de voir le déficit actuel (35 000) comblé. Cela possible si et seulement si le patrimoine disponible actuellement est protégé correctement durant toute cette année. Or, cela n'est malheureusement pas le cas, puisque les forêts de la région continuent à se réduire comme une peau de chagrin sous les effets dévastateurs des riverains, des feux et des intempéries. Ainsi, la direction des forêts a enregistré, en 2008, pas moins de 9 grands incendies qui ont causé la destruction de 125,5 ha d'espaces forestiers. Alors qu'en 2007, pour ne citer que les deux dernières années, ce sont 135 hectares de forêts qui sont partis en fumée. Cela sans parler de la coupe sauvage de bois et autres actes préjudiciables pratiqués par les riverains. Dans ce sens, la direction du secteur révèle dans son dernier rapport avoir poursuivi en justice 180 personnes pour dégradation du milieu forestier. On ne peut parler des problèmes de ce sensible secteur sans rappeler le scandale qui a entaché ces services en 2006, où l'on a assisté à l'ouverture d'une enquête par le wali sur la disparition de quelque 88 milliards de centimes destinés au reboisement des berges du lac de Beni Haroun. Aussi, si l'on veut réserver au plus grand barrage du pays tout le sort qu'il mérite, il faut revoir, estime-t-on toutes les stratégies et les politiques de reboisement adoptées localement jusqu'ici ! K. Bouabdellah