Le texte a subi quelques retouches, apportées par le Premier ministre. Des rajouts aux allures de “précisions”, de “rectificatifs” et même de messages politiques. Décembre 1998-mai 2003. Quatre ans après avoir fait ses adieux, à sa façon, aux députés, Ahmed Ouyahia revient ce samedi au palais Zighout-Youcef pour présenter le programme de Bouteflika devant une Assemblée nationale à majorité FLN. Le chef de la deuxième force parlementaire se présente sans risques de voir son programme rejeté. La question de l'adoption de la copie du nouveau Chef du gouvernement a été tranchée ailleurs. Loin de l'hémicycle. Le patron du RND a reconduit le programme adopté en juillet dernier par les deux chambres du parlement. Le texte a néanmoins subi quelques retouches sémantiques, apportées par le Premier ministre. Des rajouts aux allures de “précisions”, de “rectificatifs” et même de messages politiques. La touche de Ahmed Ouyahia apparaît clairement dans la partie consacrée à la présentation du programme. A la fin de ce chapitre, le rédacteur écrit : “Certes, les perspectives électorales découlant de la Constitution pèsent de leur poids sur la vie politique nationale. Cependant, le gouvernement ne se considère nullement dans une mission de transition. Il a la responsabilité d'assumer la gestion des affaires du pays relevant de ses attributions et il entend s'y atteler. Il a l'intention de ne laisser s'évanouir aucun délai ni aucune opportunité de résoudre les problèmes et de répondre aux attentes de la société (…)”. Cette déclaration mérite d'abord d'être relevée et ensuite d'être analysée en raison du sens qu'elle véhicule. Le Premier ministre a-t-il eu des assurances pour s'engager à écrire une phrase dont l'une des significations possibles est sa reconduction à la tête de l'exécutif pour continuer sa mission de mise en œuvre de ce programme ? Celui-ci s'étale d'ailleurs en termes d'échéance sur une période de cinq ans. Ouyahia sera-t-il le Chef du gouvernement durant les cinq prochaines années ? La déclaration susmentionnée le laisse supposer, entretenant ainsi le suspense sur ce qui se trame dans les officines du régime. Un régime rompu à ce jeu comme à celui des cartes où le joker ne sort qu'en dernière instance. Dans l'introduction, le rédacteur du texte expose les considérants qui ont guidé l'élaboration du programme. Il commence par préciser que “le programme du gouvernement ne peut manquer de s'inscrire dans le sillage du programme de Monsieur le Président de la République, programme que l'action gouvernementale doit concrétiser”. Par cette phrase, le Chef du gouvernement affirme la paternité de Bouteflika sur ce plan d'action. Il met, ensuite, en exergue l'accueil positif reçu par ce programme auprès du pouvoir législatif et de l'opinion nationale et extérieure. C'est, en quelque sorte, l'hommage rendu par le nouveau chef de l'exécutif à son prédécesseur et au travail accompli par son équipe depuis surtout une année. Enfin, Ouyahia, puisque c'est lui qui a rédigé ces quelques lignes introductives, énonce : “L'ampleur des retards et des défis auxquels l'Algérie demeure confrontée, en dépit d'efforts louables et de pas appréciables franchis, exige d'éviter tout retard dans l'action déjà entamée ou en cours de maturation (…)”. L'expression de redressement national, chère à l'ex-homme fort du président Zeroual, refait surface dans ce texte. Le projet de pacte social est également souligné par le rédacteur du document qui a insisté sur la notion de dialogue et de concertation dans toute démarche que doit entreprendre l'Etat, notamment dans la conduite des réformes économiques. Mais il faudra attendre la présentation, à l'automne prochain, du projet de loi de finances pour connaître davantage les contours et la philosophie de la démarche de Ahmed Ouyahia. M. A. O.