La signature récente d'un pacte national économique et social (Pnes) en Algérie, la marginalisation des autres syndicats et organisations patronales, et l'insistance sur son volet social, ainsi que sur les engagements pris par les pouvoirs publics, ont été hier, en début d'après-midi, au centre du débat initié par l'émission En toute franchise de la radio Chaîne III. Les trois invités — Salah Djenouhat de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Mohamed-Saïd Naït Abdelaziz de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA) et Sid-Ali Abdelaoui de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA) – ont convenu que le document est “l'aboutissement du dialogue et de la concertation” entre les différents partenaires. Selon eux, le Pnes vise “la stabilité” de l'Algérie, à l'heure de la globalisation de l'économie et la recherche d'investissements privés. L'autre objectif est de susciter “une plus grande implication pour les patrons d'entreprise et pour les salariés”, à travers notamment “la baisse des charges fiscales et l'aide aux entreprises fiables”, “l'amélioration de l'environnement des entreprises” et celle du “statut des travailleurs”. “Le pacte économique et social constitue pour nous un document de référence. Il situe les responsabilités de chacun des signataires, pour une période de 4 ans”, a appuyé le responsable de la CNPA. À la question de savoir si l'UGTA et les cinq organisations patronales privées, signataires du pacte, sont représentatives, M. Djenouhat a estimé qu'il faut aller de l'avant, d'autant que “le pacte a été transmis aux organisations syndicales internationales”, que l'Algérie a signé “toutes les conventions” régissant le monde du travail et reçu “une reconnaissance des employeurs à l'échelle mondiale”. “Le pacte économique et social demeure ouvert aux autres partenaires sociaux, syndicats et organisations patronales”, a rappelé le numéro deux de l'UGTA. L'intervenant a, en outre, fait savoir que l'UGTA dispose de 843 sections syndicales dans le secteur privé. “Je vous informe qu'il n'existe aucun syndicat autonome dans ce secteur et que l'UGTA travaille en étroite collaboration avec d'autres syndicats agréés : il y a ceux qui sont fréquentables et ceux qui ne le sont pas”, a-t-il ajouté. Puis de noter plus loin : “La préoccupation première de l'UGTA a été, concernant le pacte, la préservation de l'emploi et des entreprises, car nous sommes contre la précarité des travailleurs.” Naït Abdelaziz a, quant à lui, admis l'existence d'un “problème de représentativité”, même si “nous sommes en concertation directe et indirecte avec d'autres organisations patronales”. Mais il a trouvé que l'essentiel se trouve dans “l'engagement, pour la première fois, de l'Etat algérien” à parachever les réformes, en particulier du secteur bancaire, et à moderniser le réseau routier et ferroviaire. “Nous ne sommes pas très satisfaits, mais c'est un début (…) L'Etat met la main à la poche pour aider l'entreprise fiable à faire face à la concurrence des sociétés étrangères”, a-t-il indiqué. Il n'empêche, ce chef d'entreprise n'a pas caché “ses craintes dans la mise en œuvre du pacte” lui-même. “Nous aurons une idée plus précise, une fois que le comité national de suivi et de mise en œuvre sera installé”, a-t-il confié à Liberté en marge du forum. Enfin, pour M. Abdelaoui, le plus important réside dans “la construction d'une culture de l'entreprise”, “l'intérêt commun et celui de l'économie nationale”. Le Forum de la Chaîne III a été l'occasion pour les trois invités d'insister sur la dimension nationale du Pnes, de même que sur les objectifs de “protection de la production locale” et le choix d'une “économie productive”, mais sans pour autant approfondir chacun des concepts ni répondre à la question se rapportant au devenir des milliers d'entreprises nationales et locales du secteur public qui ont été fermées. Tous ont rejeté catégoriquement l'idée que “la paix sociale” sera supportée par les seuls travailleurs et celle de “la renégociation” du pacte économique et social, en cas d'adhésion des autres organisations patronales ou syndicales. H. Ameyar