La victoire du démocrate américain Barack Obama fait naître l'espoir en Amérique latine de relations apaisées avec leur puissant voisin du nord, alors que le sentiment anti-américain s'y est accentué face à l'unilatéralisme de l'Administration de George W. Bush. Obama a promis, lors de sa campagne électorale, de réviser les relations USA- Amérique latine. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche va se trouver d'emblée confronté à un délicat contexte de tensions qui s'étaient accrues récemment entre l'Administration Bush et une Amérique latine aux gouvernements majoritairement de gauche. Il devra gérer la crise diplomatique avec le Venezuela et la Bolivie, l'hostilité grandissante du côté de l'Equateur et du Nicaragua, et la question de l'embargo que les administrations américaines successives ont imposé à Cuba depuis 1962. Tous ces pays ont, en outre, largement favorisé ces derniers mois une coopération en matière énergétique et militaire avec la Russie, l'Iran et la Chine, appelée à s'accentuer davantage. Or, Washington a toujours considéré l'Amérique latine comme son jardin, sa chasse gardée. Obama pourra-t-il apaiser l'ardeur révolutionnaire du bouillant Vénézuélien Hugo Chavez, bête noire de l'Administration précédente ? Nous voulons un président des Etats-Unis avec lequel on peut parler, nous n'aspirons qu'à une seule chose, que les Etats-Unis nous respectent et nous considèrent comme un peuple frère et ses entrepreneurs comme des partenaires, déclarait peu avant les élections américaines le chef d'Etat vénézuélien. À Cuba, la victoire d'Obama porte l'espoir d'un assouplissement de l'embargo, voire de relations normales et respectueuses, a estimé le ministre cubain des Relations extérieures, Felipe Perez Roque. La Bolivie du socialiste Evo Morales, qui a établi des relations diplomatiques avec l'Iran et expulsé récemment l'ambassadeur américain, espère qu'avec Obama s'ouvre une opportunité d'assouplissement et de changement. Sur la même ligne, le chef d'Etat équatorien Rafael Correa, qui a rejeté le Traité de libre-échange (TLC) avec les Etats-Unis, ne s'attend pas à de grands changements : Obama, pour lui, constitue une bonne surprise, mais les Etats-Unis restent les Etats-Unis. Le président mexicain Felipe Calderon, voisin des Etats-Unis, attend Obama sur la question de l'immigration. Les Etats-Unis ont construit un mur de plus de 3 000 kilomètres le long de la frontière avec le Mexique… Par ailleurs, l'Amérique latine que va découvrir Obama connaît un processus de changements dans le cadre d'initiatives d'intégration telles que l'Union des nations sud-américaines (Unasur) qui dénonce et lutte contre l'hégémonie américaine. Les dirigeants du continent latino-américain, à l'exception de la Colombie et du Paraguay, vont exiger la révision des accords commerciaux et les relations diplomatiques sur de nouvelles bases, de complémentarité et de partenariat. D. B.