Barack Obama a donné des couleurs à la Maison-Blanche. Il a fait pleurer de joie l'Amérique. Sa victoire à l'élection présidentielle américaine est l'expression d'une immense attente de changement que lui-même a contribué à faire naître. Pas seulement pour les Américains mais pour le monde entier qui s'attend, aujourd'hui, à divorcer d'avec la logique de guerre, le recul des libertés ou encore l'ultralibéralisme. Sur les épaules du 44ème président américain repose maintenant la gestion de deux guerres, comme il l'a promis lors de sa campagne. Il devra ainsi s'attaquer dès janvier sur la scène internationale à de redoutables défis : mettre fin à la politique de confrontation militaire et diplomatique adoptée par son prédécesseur George W. Bush, vaincre Al Qaïda et les taliban en Afghanistan mais aussi faire face au défi nucléaire iranien. Obama a mis l'accent sur trois objectifs pour sa future présidence, à partir du 20 janvier : contrôler les matériaux nucléaires aux mains de terroristes ; ouvrir un dialogue ferme et direct avec l'Iran, sans condition préalable, et renouveler la diplomatie américaine. Le jeune sénateur de l'Illinois, qui s'est opposé dès le début à la guerre en Irak, va chercher à organiser un retrait responsable et graduel des forces américaines qui y sont déployées. Il avait d'ailleurs annoncé qu'il entendait retirer les troupes américaines d'Irak seize mois après son entrée en fonctions. Mais en Irak, cette annonce ne fait pas le bonheur des gouvernants. L'heure est plutôt à la réserve. Le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari, a déclaré : «Nous respectons le choix des Américains. Nous ne pensons pas qu'il y aura un brusque changement politique, et il n'y aura pas un désengagement rapide américain d'Irak, car une affaire importante se joue ici.» Dans le camp chiite, Jalaledinne Saghir, député du Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII), a estimé que «l'administration Obama sera moins enthousiaste à l'égard de l'Irak que ne l'était celle de Bush». C'est Salah Al Obeidi, porte-parole du mouvement du chef chiite radical Moqtada Sadr, violemment opposé à la présence américaine en Irak, qui s'est réjoui de la victoire d'Obama. Il a déclaré que celle-ci «montre la volonté du peuple américain de voir sortir son armée d'Irak et c'est ce à quoi nous aspirons aussi». En Afghanistan, les objectifs de Obama ne sont pas très différents de ceux de M. Bush : il a prévu d'y envoyer plus de troupes et approuve les frappes préventives au Pakistan voisin, malgré l'opposition de cet allié de Washington. Hamid Karzai, le président afghan, est très optimiste de voir, grâce à l'élection d'Obalma, un retour à la paix dans son pays. En saluant la victoire d'Obama, Karzai, dans laquelle il a vu l'amorce d'une ère nouvelle, a déclaré que cette victoire ouvre une nouvelle ère aux Etats-Unis et dans le reste du monde. Il a souhaité que l'élection présidentielle américaine «amène la paix en Afghanistan, la vie en Afghanistan, et la prospérité au peuple afghan et au reste du monde». Le Président n'a pas manqué de réitérer sa demande d'une révision de la stratégie américaine dans la «guerre contre le terrorisme» en allant «combattre là où se trouvent les centres d'entraînement et les ressources des terroristes», faisant référence à la zone frontalière au Pakistan, qui sert de base à des attaques terroristes. Restera enfin pour Obama de relancer le processus de paix israélo-palestinien que M. Bush a longtemps ignoré. L'Iran pour Obama constitue un autre défi. Le programme nucléaire de Téhéran constitue la principale pomme de discorde entre Washington et la République islamique. Les Etats-Unis, qui n'entretiennent plus de relations avec l'Iran depuis 1980, sont depuis 2003 à la pointe d'une campagne pour amener ce pays à suspendre son programme nucléaire. Pour Aaron David Miller, expert au Woodrow Wilson International Center for Scholars, l'Iran représente pour le prochain président des Etats-Unis une série de problèmes «atrocement difficile». H. Y.