L'intervention du ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, en faveur des présidents des clubs de première division dans le litige qui les oppose à la LNF et à la FAF, au sujet du calendrier du championnat, sonne-t-elle le glas pour les deux instances du football ? Désabusés par une gestion quotidienne du football, le moins qu'on puisse dire tâtonnante, les dirigeants des clubs se sont remis au premier responsable du MJS pour faire entendre leur voix. Et, visiblement, ils ont trouvé une oreille attentive auprès de M. Djiar qui non seulement les a longuement écoutés, mais il a aussi et surtout cautionné leur démarche, en rejetant en bloc la dernière mouture du calendrier de DI pour revenir à la mouture initiale. En l'absence de Hamid Heddadj, président de la FAF, parti à Tunis pour assister à la réunion du comité exécutif de l'Union arabe de football, M. Djiar aurait pu en effet renvoyer le débat au sein des instances du football pour trancher, histoire de consacrer leur souveraineté. Il y avait tout de même des sujets plus importants à l'ordre du jour de cette rencontre prévue depuis longtemps au MJS, comme le financement des clubs, le problème des infrastructures, la formation… Que nenni ! M. Djiar a laissé faire et bien expliqué aux présidents de club qu'ils sont “souverains dans leur prise de décision”, alors qu'ils sont censés être sous l'autorité de la FAF et de la LNF, seules habilitées au moins à confectionner un calendrier, libre ensuite à tout à chacun de l'apprécier. Dans aucun pays au monde, vous ne trouverez des clubs qui choisissent eux-mêmes le calendrier. Même si le ministre a tenu à dépêcher sur place MM. Khelaïfia et Guidouche, surtout pour servir d'alibi, alors qu'ils n'étaient pas du tout invités au début de la réunion, le message est clair. “Puisque vous n'êtes pas capables de vous entendre sur un calendrier, alors je vais vous forcer à le faire”, semble-t-il dire aux dirigeants de la FAF, de la LNF et des clubs. Il les renvoie dos à dos avec ce sentiment d'avoir manqué de tact dans la gestion de ce conflit. En effet, ces trois parties — qui en vérité ne sont que deux puisque le comité de gestion de la LNF a été mis en place récemment par la FAF pour débusquer un certain Ali Malek devenu trop encombrant — n'avaient-elles pas eu l'occasion de parvenir à une “solution consensuelle” bien avant ? Les “parties belligérantes” ne se sont-elles pas rencontrées au siège de la FAF, le 26 octobre dernier, sans pour autant parvenir à quoi que ce soit ? N'aurait-il pas été plus judicieux pour ces parties de s'entendre ce jour-là sur une formule qui ne lèse aucun club, comme c'était pourtant le cas mercredi dernier avec la démarche adoptée (revenir au calendrier initial et faire jouer les matches du RCK, les lundis et jeudis libres) ne serait-ce que pour sauver la face vis-à-vis des pouvoirs publics ? En vérité, l'intervention salutaire de Djiar conforte davantage la thèse de ceux qui martelaient depuis quelque temps qu'il existe un gros problème de confiance entre la base (les clubs) et les dirigeants (FAF et LNF). Il y a quelque chose de cassé dans leurs rapports. Et quand la confiance n'existe plus, il faut savoir quitter la table… SAMIR LAMARI