Le nouveau président démocrate élu est prêt à revenir sur des décisions de son prédécesseur à la Maison-Blanche, comme celles de limiter la recherche sur les cellules souche ou d'autoriser des forages pétroliers et gaziers. Barack Obama prendra ses fonctions de président des Etats-Unis le 20 janvier 2009 à 12 heures tapantes. En attendant, Bush reste le maître à la Maison-Blanche, mais il ne pourra pas prendre de décisions en porte-à-faux avec le programme du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Et quand bien même le voudra-t-il, il devra essuyer les plâtres d'un Congrès à majorité démocrate. Le président du changement devait rencontrer hier George Bush justement pour régler ces questions et arrêter le processus de sa prise de fonction. Obama doit remplacer pas moins de 7 000 fonctionnaires. C'est le principe de l'alternance au pouvoir aux Etats-Unis. Obama, dit-on, envisage de remettre en cause rapidement plusieurs décisions controversées de son prédécesseur, comme celles de limiter la recherche sur les cellules souche ou d'autoriser des forages pétroliers et gaziers. Ces mesures ont été prises récemment par décrets présidentiels, sans attendre qu'un texte de loi soit adopté par le Congrès. Obama compte revenir sur certaines d'entre elles, également par décrets présidentiels lorsqu'il aura pris ses fonctions à la Maison-Blanche, a expliqué John Podesta, chef de son équipe de transition à la Maison-Blanche. Bush a limité le financement fédéral de la recherche sur les cellules souche, une position défendue par les opposants au droit à l'avortement, alors qu'Obama, au contraire, est favorable à un renforcement du financement public dans ce domaine afin d'encourager la recherche et la découverte de traitements pour des maladies comme celle d'Alzheimer. Autre exemple, le Bureau fédéral de gestion des terres a décidé d'ouvrir une superficie de quelque 145 000 hectares de terrains publics dans l'Etat de l'Utah à la prospection en hydrocarbures sous forme de forages pétroliers et gaziers, au grand dam des défenseurs de l'environnement. Là aussi, Obama, très sensible aux écologiques, a promis de réparer l'agression de Bush dans ces terres les plus sensibles et fragiles de l'Utah. Il y a lieu de rappeler que Bush a souvent eu recours au procédé du décret présidentiel pour imposer ses choix et fixer ses priorités. Le président républicain avait inauguré son premier mandat, lorsqu'il a succédé au démocrate Bill Clinton à la Maison-Blanche en janvier 2001, par des décrets rétablissant toutes les restrictions à l'avortement dans les territoires américains d'outre-mer. Obama recourra-t-il au même stratagème ? Par ailleurs, le président américain élu, qui n'avait pas appelé Medvedev et Hu Jintao après sa victoire électorale, estimant pouvoir se passer de leurs services, est revenu sur terre et il a réparé sa bourde. Le futur maître des Etats-Unis a téléphoné à ses futurs homologues chinois et russe, avec qui il a évoqué "la nécessité d'œuvrer en commun" contre la crise économique et financière. Avec son homologue chinois, le nouveau président Noir a également évoqué la possibilité de renforcer dans l'avenir les relations entre la Chine et les Etats-Unis. "La Chine et les Etats-Unis doivent se respecter l'un l'autre et tenir compte de leurs préoccupations respectives, et résoudre de manière appropriée les questions sensibles entre les deux pays, particulièrement la question de Taïwan", lui a rétorqué le président Hu Jintao, l'exhortant à s'opposer à l'éventuelle indépendance de Taïwan, soulignant qu'un traitement approprié de cette question était "la clef de bonnes relations" entre Pékin et Washington. "Dans l'arène internationale actuelle, les relations entre les Etats-Unis et la Chine sont des relations d'une importance vitale. Le développement des relations entre les Etats-Unis et la Chine n'est pas seulement dans l'intérêt des deux nations, mais il bénéficie également au monde", lui avait dit Obama, selon l'agence chinoise de presse. Obama, qui avait reconnu durant sa campagne électorale l'importance des relations sino-américaines, a besoin de la Chine pour lancer les réformes nécessaires du système financier mondial. Toujours samedi, Obama s'est également entretenu avec le président russe Dimitri Medvedev, avec qui il est tombé d'accord pour se rencontrer prochainement, même si aucune date n'a encore été fixée, a indiqué le Kremlin. Le chef du Kremlin et le futur chef de la Maison-Blanche ont "une responsabilité commune" à faire face aux graves problèmes de nature globale et prévoient une rencontre bilatérale prochaine pour évoquer ces problèmes, a rapporté le Kremlin dans un communiqué. Ces premiers face-à-face Obama/Medvedev, Obama/Jintao n'auront en tout cas pas lieu à l'occasion du sommet du G-20 prévu le 15 novembre à Washington puisque le président élu américain a déjà fait savoir qu'il n'y assisterait pas. D. Bouatta