Les quatre malfrats proposaient des appartements à 100 000 DA. Scandaleux ! Tous les moyens sont bons pour s'enrichir sur le dos des malheureux sinistrés à l'image d'un groupe de malfrats qui proposait à Belouizdad, plus exactement à El Hamma, aux familles touchées par le séisme, des maisons à raison de 100 000 DA dans les localités de Bab Ezzouar et de Aïn Naâdja. Pour convaincre leurs victimes, ces sinistres individus ont même avancé une échéance. “Vous serez relogés au plus tard le 24 juillet prochain !”, disaient-ils à leurs victimes. Mardi soir, quatre individus se présentent au nom de l'Association des Beaux-Arts (Bahdjat El-Allouan Oua Afrah Litakouin Echabab) dans une école où sont logées momentanément des familles sinistrées. Les quatre énergumènes, qui étaient à bord d'un fourgon de type Renault Trafic, présentent alors aux familles le projet de relogement. Selon eux, c'est le gouvernement canadien qui leur a octroyé un quota de 60 logements, dont 30 unités à Bab Ezzouar et 30 autres à Aïn Naâdja. “On nous a signifié que les Canadiens ne font pas confiance au gouvernement algérien. Ils iront plus loin pour dire que Nourredine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, veut récupérer ces logements au même titre que les maires de Belouizdad et de Birkhadem au prix fort de 200 000 DA”, nous raconte une victime. Pour parachever le décor, les escrocs remettent des imprimés aux représentants des familles contre une somme de 12 000 DA. “Cette somme, vous nous la devez aujourd'hui pour payer certaines charges non encore honorées. Pour le reste, c'est-à-dire les 100 000 DA, vous les payerez en tranches”, leur dit-on pour les blouser. Mercredi matin, les mêmes personnes reviennent à la charge. Cette fois-ci, ils sortent le grand jeu. Ils réunissent leurs victimes et leur promettent qu'ils occuperont leurs logements au plus tard le 24 juillet. Maintenant, il faudra passer à l'essentiel. C'est-à-dire les papiers. Mal leur en prit, ils donnent rendez-vous aux délégués des familles à El-Biar. L'une des victimes tique alors. “Je n'ai rien compris. Comment une association basée à Baraki traite des dossiers de relogement à Belouizdad et nous invite à établir des documents à El-Biar ? C'était louche”, témoigne une autre victime. Cette dernière devance les escrocs et alerte les services de sécurité tout en maintenant son rendez-vous. C'est alors que la sûreté de daïra de Hussein-Dey a été informée. Jeudi matin, des policiers en civil seront désignés pour accompagner ladite délégation qui se rendra à El-Biar. Arrivés au lieu du rendez-vous, les représentants demandent l'établissement des papiers chez le notaire. Là aussi, pour justifier leur bonne foi, les escrocs leur signifient qu'ils doivent leur signer une reconnaissance de dette. Première défaillance, le notaire n'est pas là. Le lieu du rendez-vous n'est autre que l'arrière-boutique d'une vulgaire cafétéria. La tête pensante du groupe sera immédiatement arrêtée. Vient la deuxième étape : où sont les documents du notaire ? Au même moment, l'un des complices fait irruption dans la cafétéria. Sommé de dire la vérité, il ne tardera pas à révéler que tous les documents sont enfouis dans un appartement à… Bouzaréah. Le pot aux roses sera vite découvert. Inquiets du sort de leurs amis escrocs, les deux autres éléments se rendent à Bouzaréah avant d'être arrêtés dans l'appartement la main dans le sac. Car, en fait, ils s'apprêtaient à se rendre dans d'autres sites où sont logées les familles sinistrées pour arnaquer d'autres malheureux. Ainsi, le réseau est démantelé dans sa totalité. Selon nos sources, du matériel ultrasophistiqué, dont des scanners, des imprimantes, des micros-ordinateurs et des photocopieurs, a été récupéré dans cet appartement qui servait à la confection de faux documents. Ce qui est pour le moment sûr, c'est que les quatre individus sont mis hors d'état de nuire. Reste à savoir si des familles touchées par le séisme, actuellement dans des camps, n'ont pas fait les frais de cette escroquerie. Car, selon nos témoins, ces malfrats leur ont signifié qu'ils ont sillonné plusieurs sites. Il faut rappeler, pour la circonstance, que, tout récemment, la brigade de Gendarmerie nationale de Hussein-Dey a arrêté un important réseau de trafic de logements sociaux à Belouizdad sur le dos des sinistrés de Bab El-Oued. Comme quoi, “l'épicentre” de l'escroquerie est toujours situé dans le vieux quartier de Belcourt. F. B.