Ce sont au moins 17 000 milliards de centimes de manque à gagner enregistrés par l'Algérie ces derniers mois, au titre des recettes fiscales versées au Trésor du fait de la chute des prix du pétrole, conséquence de la crise financière mondiale, estiment des experts. En effet, le baril est passé d'un pic de 147 dollars en juillet à 50 dollars en novembre, soit une chute de près de 100 dollars par baril. Depuis plus de deux mois, les cours sont sous la barre des 70 dollars. Le ministre de l'Energie et des Mines a déjà annoncé une perte de 2,5 milliards de dollars résultant de la baisse de la production algérienne de pétrole, mise en œuvre le 1er novembre, en application de la dernière décision de l'Opep. Une réaction de l'organisation à la chute de la demande sur le brut, une conséquence de la crise financière mondiale, entraînant une baisse des cours du pétrole. Il estime à 3 milliards de dollars le manque à gagner par rapport aux prévisions de recettes des exportations d'hydrocarbures en 2008 (80 milliards de dollars). On escompte obtenir aujourd'hui 77 milliards de dollars. Les statistiques douanières indiquent que l'Algérie a déjà engrangé 68 milliards de dollars à fin octobre tirés des exportations d'hydrocarbures. Même si les cours du pétrole restent à 50 dollars, les recettes engrangées seront supérieures à 75 milliards de dollars, estiment d'autres experts. En ce sens, il faut savoir que 80% au moins de la contre-valeur des recettes exportations sont versées au Trésor au titre des recettes fiscales pétrolières qui couvrent 60 à 70% des dépenses de l'Etat. Ce sont donc 17 000 milliards de centimes de manque à gagner en quelques mois. 17 000 milliards de centimes, c'est l'équivalent de plus de 50 000 logements qui ne pourront être construits (à raison de 3 millions de DA par logement). C'est de quoi loger 300 000 personnes. 17 000 milliards de centimes, c'est de quoi créer plus de 80 000 emplois. Ce qui inquiète aujourd'hui, c'est la poursuite de la chute des cours du pétrole. Cette situation risque de compromettre le programme d'investissements publics et, partant, de freiner la dynamique de création d'emplois et le rythme de constructions de logements. L'Algérie, faute d'avoir développé suffisamment de ressources hors hydrocarbures, reste, en somme, vulnérable à moyen terme aux chocs extérieurs. K. R.