Ville carrefour tournée vers l'avenir grâce à un tissu industriel en formation, Bordj Bou-Arréridj, tourne le dos à ses enfants, notamment ceux dont les conditions de vie sont précaires. Jeudi 20 novembre dernier, c'était la Journée internationale de l'enfance, une date arrêtée pour célébrer le jour de l'adoption par l'Assemblée des Nations unies, le 20 novembre 1959, de la déclaration mondiale des droits de l'enfant. L'Algérie a ratifié en 1992 la convention relative aux droits de l'enfant, signée en 1989. Jeudi dernier, à Bordj Bou-Arréridj, nulle trace de célébration de cette journée importante chez les nations et les communautés. Elle devrait l'être aussi à Bordj Bou-Arréridj qui compte plus de 269 475 enfants, soit 42,16% de sa population. La tranche des 0 à 4 ans, compte 59 699 enfants, soit 9,34%. Celle des 5 à 9 ans, compte 59 379 soit 9,29%. Celle des 10 à 14 ans, compte 71 204 soit 11,14 % et, enfin, celle des 15 à 19 ans, compte 79 193 enfants soit 12,39%. Il ne faut pas s'étonner car plusieurs autres journées dédiées aux enfants, aux malades et aux causes justes ont été ignorées, telles que la journée mondiale du diabète. Cette journée a été célébrée dans plus de 160 pays et dans des dizaines de milliers de villes, le vendredi 14 novembre dernier, sauf à Bordj Bou- Arréridj. Les diabétiques de la région ont attendu une semaine après cette date et aucune manifestation ou campagne de sensibilisation n'a été programmée. Notons qu'elle est consacrée, pour la 2e année de suite, aux enfants et aux adolescents. Un problème qui prend manifestement de plus en plus d'ampleur puisque la wilaya de Bordj Bou-Arréridj compte des centaines d'enfants atteints du diabète. Ce silence d'une autorité qui refuse d'aller vers une meilleure protection des enfants, ne pourra voiler la triste réalité vécue par ces derniers. Les rares statistiques rendues publiques ces dernières années sont alarmantes et appellent des mesures urgentes. La pauvreté, la déperdition scolaire, la misère et la perte des repères sociaux ont engendré des dégâts incommensurables sur la société et notamment les enfants, livrés à leur traumatisme sous toutes ses formes. Les chiffres relatifs à la criminalité et les violences en milieu juvénile laissent présager un avenir inquiétant. Chaque année, le nombre des délinquants mineurs et des enfants en danger moral connaît une augmentation considérable. Pour conclure, rappelons ces mots de La Bruyère : “Les enfants sont hautains, dédaigneux, coléreux, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés ; ils rient et pleurent facilement ; ils ont des joies immodérées et des afflictions amères sur de très petits sujets; ils ne veulent point souffrir de mal, et aiment à en faire : ils sont déjà des hommes.” Chabane Bouarissa