Parler du sida à Oran reste encore un sujet tabou, à un point tel que cela provoque des polémiques malsaines, comme celle qui vient d'éclater entre la Direction de la santé d'Oran et des membres de l'Associations de protection contre le sida (APCS). Une polémique autour du nombre de nouveaux cas de séropositivité enregistrés et qui, au-delà des chiffres qui de toutes les manières sont très sous évalués, va une fois de plus occulter l'essentiel, à savoir l'inexistence de politique de prévention à l'échelle nationale. D'ailleurs cette absence de politique fait que l'OMS elle-même en parlant de l'Algérie et des pays du Maghreb, évoque en matière de sida “une bombe à retardement !” L'association en question, qui a inauguré ce 26 novembre un programme d'activités et de sensibilisation en direction des jeunes avec comme préoccupation pour cette année “le dépistage”, ne se doutait pas que son initiative allait passer ainsi au second plan. En effet le vice-présidente de l'association, médecin de son état, a évoqué le chiffre de 260 nouveaux cas de sida enregistré en 2008. C'est là où il y a eu, semble-t-il, malentendu, puisque ces cas sont enregistrés “au niveau du Centre de référence d'Oran qui est un centre régional”. Dès lors, ces 260 cas concernent non pas seulement Oran mais les 14 wilayas de l'Ouest. Devant le quiproquo qui s'est produit sur les ondes de la radio El-Bahia, le DDS, presque dans un mouvement de panique s'en est allé déclarer que les chiffres pour Oran ne dépassait pas les 70 cas ! Guerre des chiffres stérile une fois encore car si l'on veut parler de la progression du sida, les pouvoirs publics et le ministère de la Santé doivent sérieusement s'en inquiéter. En effet, il y a quelques années, des médecins tiraient la sonnette d'alarme à Oran en affirmant que “maintenant en Algérie la contamination du sida ce fait au sein du mariage, que 45% des femmes porteuses du virus du Sida ont été contaminées dans le mariage !”Aujourd'hui, alors que cette mise en garde n'a pas été prise au sérieux, l'on se retrouve avec ce constat. “De 2005 à 2006, on a dénombré 17 nouveaux cas d'enfants atteint de sida alors que de 1991 à 2004, il y avait 14 cas !” nous dit-on à l'association. Et quand on sait que les personnes porteuses du virus du sida ne développent la maladie qu'au bout de 10 ans l'on devine les perspectives graves et dramatiques qui nous attendent. Des milliers d'enfants atteints et des milliers d'orphelins du sida. Et pourtant rien de plus simple que de limiter la propagation du sida, par un dépistage précoce et des mesures de protection. C'est aussi et à cause de tout cela que le mouvement associatif souhaite faire campagne sur la question du dépistage et l'APCS de rappeler qu'elle gère un centre de dépistage gratuit et anonyme situé à proximité de l'Institut Pasteur à Gambetta. DJAMILA LOUKIL