L'audition de ce dernier risque de se révéler un vrai casse-tête pour les autorités judiciaires françaises. Surtout si une confrontation est envisagée. Le juge français en charge de l'affaires Mecili semble vouloir accélérer ses investigations. Avant même de connaître les résultats des expertises effectuées par le diplomate Mohamed Ziane Hasseni, il a adressé des convocations aux deux ex-officiers des services de renseignement qui se sont exprimés sur le dossier. Hicham Aboud qui vit en Belgique et Mohamed Samraoui, réfugié politique en Allemagne, ont été appelés à témoigner à une date que ni l'un ni l'autre n'ont voulu communiquer. Les deux invoquent des “raisons de sécurité”. Dans ce dossier, les deux ex-officiers soutiennent des thèses contradictoires. Si Hicham Aboud plaide pour l'innocence de M. Hasseni, le chef du protocole au ministère des Affaires étrangères est accusé par Mohamed Samraoui. L'audition de ce dernier risque de se révéler un vrai casse-tête pour les autorités judiciaires françaises. Surtout si une confrontation est envisagée. En 2003, le juge Baudoin Thouvenot avait dû faire le déplacement en Allemagne pour l'entendre après ses propos accusatoires qui ont conduit à la réactivation du dossier de l'assassinat d'Ali Mecili en 1987 à Paris. Sous le coup d'un mandat d'arrêt international délivré par la justice algérienne et diffusé via Interpol, il risque d'être arrêté en France. C'est d'ailleurs ce mandat qui lui a valu d'être arrêté le 22 octobre 2007 en Espagne. Cet échophile se trouvait dans la ville de Benalmadena pour participer à une conférence de la Fédération internationale des jeux d'échecs. Il avait été libéré après trois jours de détention. Se rendra-t-il en France malgré ce précédent ou fera-t-il de ce risque un prétexte pour se soustraire à une éventuelle confrontation ? La question reste posée. En tout cas, l'accusateur a déjà fragilisé son propre témoignage en désignant deux personnes différentes sous la même identité. Il a désigné comme étant Mohamed Ziane Hasseni un homme qui ne l'était pas sur des photos qui lui ont été présentées par le journal électronique Médiapart. Il s'est piégé lorsque France 3 lui a montré les images d'une autre personne qui, elle, était le véritable Hasseni. Entre les deux, il n'y avait pourtant pas de ressemblance. Au fur et à mesure que les zones d'ombre se dissipent dans ce dossier, les canaux diplomatiques semblent reprendre de la voix. Après les propos de Mourad Medelci accusant la France de tenir en otage le diplomate, l'ambassade d'Algérie à Paris est aussi décidée à prendre sa part dans la défense de M. Hasseni. Jusque-là, elle a été trop discrète. A. OUALI