Doyen des juges d'instruction au tribunal de Nanterre et proche de la retraite, Alain Philibeaux est toujours attendu au tribunal de Paris où il doit remplacer son collègue Baudoin Thouvenot, chargé du dossier de l'assassinat d'Ali Mecili. Vendredi 30 janvier, M. Philibeaux était encore à Nanterre. Son arrivée dans son nouveau poste d'affectation était prévue pour début février. Sur son bureau, il trouvera entre autres dossiers celui de l'affaire Mecili qui a valu l'inculpation du directeur du protocole au ministère des Affaires étrangères. Mohamed Ziane Hasseni, interpellé à sa descente d'avion à Marseille le 14 août, est placé sous contrôle judiciaire. Une contrainte qui lui impose de ne pas quitter la région parisienne. Rien de nouveau n'est intervenu dans l'instruction menée par Baudoin Thouvenot muté de son côté dans le cadre d'un mouvement régulier au tribunal de Melun, dans le département de Seine-et-Marne. Depuis l'audition de Hicham Aboud le 18 décembre, aucun autre acte de procédure n'a été enregistré dans ce dossier. Le second témoin, l'ex-officier Mohamed Samraoui, s'est illustré par son absence. Sachant désormais qu'il ne peut pas conduire l'enquête jusqu'à son terme, M. Thouvenot semble avoir mis le dossier de côté. Les avocats de M. Hasseni attendent d'ailleurs toujours la communication des résultats des tests ADN et des analyses graphologiques qu'il a effectuées à la demande du juge. Ces résultats sont certainement versés au dossier. Mais leur non-communication au concerné est un signe que M. Thouvenot a déjà renoncé à poursuivre lui-même les investigations. Quel délai M. Philibeaux se donnera-t-il pour les reprendre ? Difficile à dire tant les dossiers qui échoient au juge d'instruction sont réputés pour leur complexité. En tout cas, les défenseurs de M. Hasseni ne se font aucun souci sur son innocence. Pour eux, elle sera établie publiquement dès que le juge aura révélé les résultats des analyses. La disculpation du diplomate donnera alors au dossier une tournure plus difficile puisqu'il s'agira d'élucider le meurtre de l'ancien compagnon de Hocine Aït Ahmed. Alain Philibeaux va peut-être adresser une convocation à Mohamed Samraoui. Réussira-t-il à faire venir celui qui a conduit Baudoin Thouvenot à relancer l'enquête ? Dans ce dossier, l'ex-officier est le seul à témoigner contre le diplomate. Sauf qu'il a lui- même fragilisé son témoignage par ses contradictions et son absence au palais de justice de Paris. Ses explications n'ont pas convaincu. Elles ont pris l'allure d'une dérobade. Il prétend avoir été privé de son passeport lors de son arrestation en Espagne. C'est une explication qui fait sourire. En tant que résident en Allemagne, il n'avait pas besoin d'un tel document pour franchir le Rhin. En outre, son statut de réfugié politique le met à l'abri de toute arrestation. Tout au plus risquait-il une garde à vue. Un prix plus que dérisoire pour celui qui a juré de se battre jusqu'à sa dernière goutte de sang pour faire triompher la vérité dans cette affaire. Encore que requis par un juge, il pouvait demander une protection. Il ne prenait donc aucun risque à se rendre à Paris. À moins de vouloir se faire peur... A. O.