La situation est toujours tendue à Saint-Pierre qui a vécu dans la nuit de mercredi à jeudi, une nuit d'épouvante causée par une bande de malfaiteurs sévissant au niveau de ce quartier du centre-ville. Pour information, cette bande de malfrats, composée essentiellement de repris de justice, s'était attaquée à un revendeur de boissons alcoolisées connu sur la place d'Oran. Munie de fusils à harpon, d'épées, de couteaux, de bombes lacrymogènes, la bande a opéré une véritable “expédition punitive” contre le dépositaire qui refusait de verser la “dîme de protection”. On se croirait en plein Chicago des années 1930. Le décor est planté puisque les malfaiteurs, qui ne sont pas à leur premier coup d'essai, “rackettent” plusieurs commerçants qui ont accepté de “payer” pour leur protection. On saura, durant cette nuit de déluge, de fer et de sang, que les bandits ont attaqué le magasin de M. Touati aux environs de 22h30, à un moment de forte affluence. Littéralement assailli par les bandits au nombre impressionnant armés jusqu'aux dents, M. Touati a dû son salut et celui de ses employés à la “résistance” et à la présence des éléments des forces de l'ordre qui ont réussi à mettre en déroute les gangsters. Encore sous le choc, le maître des lieux nous a fait des révélations fracassantes : “On a essayé de me racketter, mais sans succès. La bande de Houari Laâmèche a même tenté de m'intimider en m'envoyant ses sbires. Refusant de céder, une centaine de malfrats a attaqué mon magasin. Quatre de mes employés ont été blessés au cours de cette descente.” Selon M. Touati, cette situation est générée par l'attitude de certains commerçants du centre-ville qui “casquent” régulièrement des sommes d'argent variant entre 5 et 10 millions de centimes par semaine. “Plusieurs commerçants, pourtant connus à Oran, versent de l'argent aux malfrats qui n'hésitent pas à employer les grands moyens pour les terroriser”, ajoute M. Touati au bord de la colère. Cette nouvelle forme de banditisme urbain qui prend de l'ampleur, risque de se propager à d'autres quartiers jusque-là épargnés par le “virus” du racket. En tout état de cause, les commerçants “rackettés”, et ils sont nombreux, doivent se manifester auprès des services de police pour endiguer cette forme de “hogra” caractérisée. En commençant, bien sûr, par les propriétaires des bars et autres discothèques de la Corniche oranaise qui “paient” sans rechigner. À moins de briser le silence... B. G.