Le ministre de la Solidarité, Djamel Ould-Abbès, a rencontré mercredi dernier le diplomate, Mohamed Ziane Hasseni, à Paris, pour lui signifier le soutien d'Alger dans cette affaire qui perdure depuis le 14 août. Alors que les témoignages, contradictoires, des deux officiers, Hicham Aboud et Mohamed Samraoui, dont la date n'est pas encore révélée, sont attendus en France, du côté algérien, c'est le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme qui est monté au créneau par la voix de son président pour dénoncer l'attitude de la justice française. Maître Ksentini ne mâche pas ses mots. Pour lui, le maintien du diplomate Ziane Hasseni sous contrôle judiciaire en France n'est ni plus ni moins qu'une “atteinte grave” aux droits de l'Homme. Le président de la CNCPPDH, qui s'exprimait lors d'une rencontre, à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, a également fait part de ses “craintes”. Craintes que le diplomate ne bénéficie pas d'un procès équitable. “Tout se fait comme si Hasseni ne bénéficiera pas d'un procès équitable”, redoute-t-il en estimant que son maintien sous contrôle judiciaire “n'est pas justifié du point de vue du droit”, avant de qualifier la manière dont est gérée cette affaire de “tentative de retour de la justice coloniale”. Pour lui, la méthode avec laquelle est géré le dossier par les autorités judiciaires n'inspire pas confiance. “On juge au faciès ou sur un homonyme. La justice ne peut être rendue de cette manière”, s'insurge maître Ksentini. D'autant plus, a-t-il ajouté, que “le diplomate a prouvé qu'il ne pouvait pas être inculpé dans cette affaire et qu'il s'agit, dans les faits, d'une question d'homonymie”. Pour la simple et bonne raison qu'au moment du crime, l'assassinat de maître Mecili en 1987, il ne pouvait être en France. Aux yeux du président de la CNCPPDH, le diplomate algérien a avancé suffisamment “de preuves pour prouver son innocence”. Et c'est la raison pour laquelle, avertit Ksentini, que la commission, dont il est président, ne cessera “pas de marquer sa désapprobation”. Au niveau du gouvernement, les choses bougent encore. Cette fois-ci, c'est le ministre de la Solidarité nationale et de la Communauté nationale à l'étranger qui a rencontré mercredi à Paris le diplomate, placé sous contrôle judiciaire depuis le 14 août dernier. “J'ai tenu à exprimer ma solidarité avec notre diplomate qui subit depuis quatre mois une situation inacceptable et intolérable”, indique Djamel Ould-Abbès. Le ministre de la Solidarité, relayant son collègue des Affaires étrangères, persiste et signe : “Mohamed Ziane Hasseni est innocent. Son dossier est vide. Il traverse une situation difficile et il est normal que nous lui exprimons toute notre solidarité dans cette dure épreuve.” Le 26 novembre et alors que des journaux parlaient de “lâchage” du diplomate pour de sombres calculs politiciens, le ministre des Affaires étrangères, jusque-là inaudible sur le dossier, sort de sa réserve en ayant des mots très durs à l'égard de la justice française qu'il avait accusée de retenir “en otage” Mohamed Ziane Hasseni. “La France est en train de retenir en otage un des meilleurs diplomates algériens depuis 4 mois, sous prétexte qu'il est ce qu'il n'est pas, c'est-à-dire il y a une confusion de personnes”, dénonçait Mourad Medelci. “Je me suis permis d'attirer l'attention du ministre (des Pays-Bas avec qui il animait une conférence de presse) lorsqu'on a évoqué la question des droits de l'Homme sur une situation paradoxale que les droits de l'Homme sont en train de connaître, dans un pays ami et partenaire, la France”. Le ministre met en évidence aussi la “bonne volonté” du diplomate d'aller au-devant du souhait de la justice française en acceptant de se soumettre à l'épreuve des tests d'ADN. Mais en dépit de la fermeté caractérisant le propos de Mourad Medelci, la réaction des autorités françaises ne s'est manifestée que deux jours après, comme s'il s'agissait d'une affaire banale. Elle est venue du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevalier, qui avait mis en avant la séparation des pouvoirs politique et judiciaire en France pour dire que la situation de notre diplomate est une “procédure judiciaire sur laquelle le pouvoir exécutif n'a pas de prise”. O. Ouali