À deux jours de l'Aïd, le visiteur non avisé des régions du sud du pays, qui parcourt le long de la RN1 traversant le chef-lieu de la wilaya de Laghouat pour atteindre le grand Sud en passant par Ghardaïa, aperçoit ces éleveurs qui exposent leurs immenses troupeaux d'ovins en guise de proposition pour la vente. Une scène qui ne cesse de revenir bien avant l'entrée au chef-lieu de la commune de Sidi-Makhlouf, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Laghouat, jusqu'à Berriane, daïra relevant de la wilaya de Ghardaïa en passant par Bouzbaier, bourgade située à quelque 140 km au sud de Laghouat. On retrouve le même scénario dans les communes du flan nord-ouest telles que Tadjmout, Aflou, Hadj-El-Mechri. Quelques-uns des automobilistes allant vers les villes du grand Sud s'arrêtent par simple curiosité pour s'informer du prix moyen du mouton, d'autres pour en acheter. A Hassi-Delaâ, commune distante d'environ 100 km au sud de Laghouat, des acheteurs, des curieux et des passagers déambulent d'un troupeau à un autre pour s'enquérir des prix du mouton, façon de prendre le pouls. Mais à voir les grincements de dents et la grise mine qu'ils font, ils finiront tous par déchanter, car la tendance est plutôt à la hausse. Les maquignons, visiblement imperturbables, se montrent en force cette année. Ils prétextent souvent la cherté des aliments de bétail. Comme s'ils se sont entendus sur l'argument à mettre en relief pour convaincre l'acheteur, la plupart d'entre eux nous ont répondu par le fait que “le prix du quintal d'orge leur revient à pas moins de 2 200 DA et le fourrage est cédé à plus de 600 DA le quintal”. Pour cet éleveur venu écouler ses moutons le jeudi passé au marché hebdomadaire de Bellil, nouvelle ville distante d'environ 90 km au sud de Laghouat, “le pire des maux est le fait du phénomène des maquignons d'occasion et des intermédiaires appelés communément Smassra. Ceux-là qui guettent la meilleure affaire pour le revendre sur place”. Là, les prix semblent raisonnables. Pour un mouton moyen dont le poids net varie entre 15 et 20 kg, son prix négociable varie entre 13 000 DA et 17 000 DA. Il faut dire qu'à l'approche de chaque Aïd El-Adha, les prix des moutons, affichés à travers le territoire de la wilaya ainsi que dans les marchés de bestiaux, ne cessent d'augmenter jour après jour. En effet, jusqu'à mercredi passé, par crainte de voir le prix du bovin “chuter” les derniers jours précédant le jour “J'”, beaucoup d'éleveurs ont opté pour la formule d'écouler leurs animaux à un prix unique qui est de 17 000 DA le mouton. Mais ce n'est pas le cas pour le reste des éleveurs. Le mouton moyen est cédé entre 18 000 et 24 000 DA, ce qui est hors de portée de la majorité des citoyens, plus précisément les pères de famille chômeurs et les petits fonctionnaires à faible bourses. Hier, au marché à bestiaux de Hassi R'mel, chef- lieu de daïra situé à 120 km au sud de la wilaya, un mouton bien en chair, dépasse 22 000 dinars, tandis qu'un petit agneau de quelque 10 à 15 kg frôle les 10 000 DA ! Pour le marché de la commune d'Aflou, à 120 km au nord du chef-lieu de la wilaya, considéré par la majorité des citoyens comme un souk de secours, malheureusement, côté prix, il n'a rien apporté de nouveau au citoyen moyen. Il n'y a aucune différence entre lui et celui de Hassi R'mel. Le rituel du sacrifice, qui interviendra dans moins de vingt jours, est pour beaucoup de citoyens interrogés, “une saignée budgétaire de plus pour les ménages, déjà ruinés par les évènements successifs à savoir le mois de Ramadhan et la rentrée scolaire”. Ces évènements ont engendré des dépenses faramineuses et, parfois, insupportables pour les moyennes et faibles bourses. BOUHAMAM Arezki