La discrimination instaurée par Israël en Cisjordanie entre Palestiniens et colons juifs rappelle de plus en plus le régime d'apartheid longtemps en vigueur en Afrique du Sud, a estimé hier une importante association israélienne de défense des droits de l'homme. Les implantations juives en territoire palestinien “ont créé une situation de discrimination et de ségrégation institutionnalisée”, affirme dans un rapport l'association israélienne pour les droits civils. “La discrimination perceptible au niveau des services, des budgets et de l'accès aux ressources naturelles entre les deux sociétés sur le même territoire constitue une nette violation du principe d'égalité, qui rappelle à beaucoup d'égards et de façon de plus en plus prononcée le régime d'apartheid jadis appliqué en Afrique du Sud”, selon ce rapport. L'association assure “qu'en Afrique du Sud, la discrimination était fondée sur la race, alors que dans les territoires (occupés), ce sont les critères nationaux qui sont retenus”. Ce texte a été publié à l'occasion du 60e anniversaire de la signature de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui sera célébrée mercredi. Il souligne que les 2,3 millions de Palestiniens de Cisjordanie sont soumis à la loi militaire israélienne, tandis que leurs voisins, 250 000 colons juifs, relèvent de la législation régulière d'Israël. Alors que les colons disposent d'un réseau routier moderne réservé aux véhicules israéliens, les Palestiniens sont contraints d'utiliser “des routes dangereuses”, indique encore le rapport. Il ajoute qu'Israël impose en outre des restrictions strictes à la construction dans les agglomérations palestiniennes, et s'abstient d'y développer les infrastructures. Le texte mentionne des statistiques de l'ONU selon lesquelles 65% des routes conduisant aux 18 agglomérations palestiniennes les plus peuplées de Cisjordanie sont bloquées ou contrôlées par des barrages militaires israéliens. L'ONU fait état de plus de 600 barrages routiers restreignant la liberté de circulation des Palestiniens en Cisjordanie. “Les restrictions à la circulation gênent les transports des personnes malades ainsi que celui du personnel médical des hôpitaux, et provoquent aussi des ruptures de stocks dans les médicaments et l'équipement médical”, note encore le rapport. Il regrette par ailleurs les effets économiques du blocus qu'Israël impose à la bande de Gaza depuis que le Hamas en a pris le contrôle en juin 2007 à la faveur d'un coup de force contre le parti Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas. “La politique du blocus a quasiment anéanti l'industrie. Le chômage et la pauvreté sévissent (...) Le blocus a provoqué l'effondrement des collectivités locales, qui luttent pour assurer un minimum de services aux habitants, notamment pour l'eau, la voirie et les installations sanitaires”, conclut le rapport. R. I./Agences